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MADAGASCAR - Le «  famadihana  »  : la célébration de la vie à travers la mort

MADAGASCAR - Le «  famadihana  »  : la célébration de la vie à travers la mort

Partenariat Nouvelles de Flandre - Agora Francophone

Très médiatisé sous le nom très impropre de «  retournement des morts  », le famadihana, cérémonie principalement observée sur les Hauts plateaux, consiste à ouvrir le tombeau, pour y faire entrer un nouveau mort enterré ailleurs provisoirement, mais surtout pour changer les linceuls des ancêtres.

28 août 2024 - par Loïc HERVOUET 
 - © Edgar Fonck
© Edgar Fonck

Il s’agit de les honorer et de s’assurer que, ne manquant de rien, ils s’occuperont bien de nous. C’est aussi et surtout l’occasion, essentielle pour les Malgaches, de restaurer les liens de bonne entente entre les membres de la famille.

Un rituel immuable
Les spécialistes s’étripent sur la fréquence de la cérémonie. Tous les sept ans selon tel anthropologue, tous les cinq ans selon d’autres, voire tous les ans pour telle universitaire... À dire vrai, deux éléments semblent décisifs  : l’âge des organisateurs, qui estiment de leur devoir d’avoir «  retourné  » leurs parents au moins une fois dans leur vie, et les demandes de l’ancêtre, par des songes. Quand surviennent les rêves, on en parle dans la famille. Lorsque le principe est retenu, le devin consulté et l’affaire engagée, on dit que «  les enfants peuvent souffler sur le feu pour le rallumer  ».

Naturellement, les coutumes seront respectées scrupuleusement, les devins consultés, les ancêtres prévenus la veille de l’ouverture du tombeau  : on vient sur place, on verse de l’eau, on remercie, on demande pardon des fautes éventuelles, et on sollicite la bénédiction. Puis on prévient que ce sera demain le grand jour à l’heure fixée par l’astrologue et on prie donc les habitants du tombeau de bien vouloir être présents. On aura préparé les sacrifices de zébu, la nourriture pour deux ou trois jours.

Un moment de retrouvailles
Et la cérémonie ne sera pas triste, puisqu’on retrouvera les siens. On ouvre le tombeau du jour au son strident des trompettes et tambours  ; on dépose les ancêtres au sol (ou dans les bras de leurs descendants) dans leur vieux linceul. On les berce, on leur raconte la vie de la famille, on les parfume, puis on les habille du ou des nouveaux linceuls de soie. On les expose alors sur une table pendant la suite des cérémonies  : prière ou messe, repas avec le riz et la viande grasse.

Après le repas, spectacle de chants et danses du hira gasy, cet opéra paysan classé au patrimoine mondial. Puis, à l’heure fixée, c’est le kabary, discours traditionnel rendant hommage aux ancêtres honorés, et enfin le portage des corps sur les épaules des descendants, sept tours autour du tombeau. Les jeunes femmes qui veulent être enceintes dans l’année tentent de toucher les nouveaux lambas au passage. Les proches entrent dans le tombeau déposer les ancêtres, et on referme avant la tombée de la nuit.

Longtemps décriés par les autorités chrétiennes, puis tolérés, puis bénis et entourés de rites chrétiens, les famadihana, tenus l’hiver, ont tendance à régresser dans leur forme somptueuse. La paupérisation oblige aujourd’hui à plus de mesure dans les dépenses.

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