- Partenariat OIF / Agora francophone
Festival « Visa for Music – Rabat, novembre 2023.
L’Organisation Internationale de la Francophonie est partenaire de la Conférence : Réussites africaines et meilleures pratiques des ICC francophones.
Modération : Oumy Régina Sambou, rédactrice en chef de Africulturelle
- Au centre - Oumy Régina Sambou, rédactrice en chef de Africulturelle
- Dans le musée Mohammed VI
Le milieu de la musique internationale est anglophone. Simple constat, bien que « Visa for Music » cultive du mieux possible la langue d’écriture d’Abdallah Taïa. En anglais comme en français, la question qui taraude tout le monde ici est « comment éviter le one shot ». Autrement dit, comment éviter qu’un festival, un studio d’enregistrement ou un artiste bénéficiant d’un soutien institutionnel ne capitule dès la seconde année ou la troisième, faute de moyens financiers et de réseaux actifs ? Comment passer du modèle assisté au modèle « Industrie », le I de ICC. Ne sous-estimons pas cette révolution qui se cache derrière cet ICC angoissant pour certains. Il faut générer des revenus, produire, rentabiliser oserait-on dire ? Quid de la survie quand les 3 ans du programme de soutien X ou Y se terminent. Un artiste aussi talentueux soit-il est-il apte à écrire des textes intimes pour son slam et à remplir les dossiers des uns et des autres, à commercialiser son œuvre, à la diffuser dans la jungle numérique, à monter une tournée... ? Sans doute pas et les déçus sont légion. D’où la prolifération de structures d’accompagnement qui font le lien entre les bailleurs tels que Wallonie Bruxelles Internationale, Agence Française de Développement, Pro Helvétia ou Organisation Internationale de la Francophonie et les artistes ou les professionnels qui les entourent.
À toutes les questions qui se posent peu de réponses toutes faites. Un point commun à de nombreux pays du continent africain est la manque de soutien actif des autorités nationales ou locales. Les politiques culturelles sont bien souvent menées dans le plus parfait amateurisme. La programmation « venue d’en haut » des festivals est frileuse. La jeunesse créatrice est délaissée et les nouveaux modes d’expressions artistiques inconnus des décideurs. Alors, comment s’en sortir ? Se former, imaginer, oser, s’engager et réseauter. Compter sur des intermédiaires aguerris et engagés. Comme Africalia, structure belge, qui soutient de nombreuses initiatives nées sur le continent africains. Africalia, représentée par sa Directrice générale Dorine Rurashitse, étaient présent à la conférence. Parmi les exemples de réussite, le festival de Dougga en Tunisie, remis sur de bons rails par Mohamed Ben Said, le patron d’Akacia Productions.
Dougga, le festival se réinvente !
Dougga, lieu incontournable du riche patrimoine romain en Tunisie, voyait son festival vivoter, doté d’un budget peau de chagrin et d’une ambition très mesurée. Et puis... une idée folle a germé : si « on » voyait plus grand, plus inclusif, plus original ? Transformer le festival existant en véritable événement. En quelques années, le festival amateur entièrement bénévole s’est transformé en une machine d’une trentaine de salariés contractuels et d’une cinquantaine de stagiaires. Autrefois, artistes et surtout techniciens venaient de Tunis et de France, aujourd’hui, de nombreux jeunes de Dougga on reçu des formations techniques et s’intègrent au dispositif. Le bond le plus spectaculaire concerne le budget : de 30 000 euros, celui-ci a gonflé jusqu’à 250 000 ! L’intérêt suscité par le nouveau projet a attiré les partenaires, toujours friands d’énergies nouvelles.