Ce 17 novembre, plus de 10 000 jeunes diplômés en médecine en Roumanie ont affronté une compétition acharnée pour obtenir l’une des moins de 5 000 places d’internat disponibles, dans les spécialités de médecine, médecine dentaire et pharmacie. À Cluj-Napoca, la compétition était aussi disputée que dans les cinq autres centres et où, d’un total de 1 371 candidats, 790 se sont inscrits en médecine pour seulement 353 postes ouverts au concours. Confrontés aux résultats reçus le même jour, les nouveaux internes se préparent désormais à entamer, dès janvier, un parcours intensif et exigeant, s’étalant sur trois à sept ans, en fonction de la spécialité choisie. Ce troisième cycle d’études médicales présente, pourtant, des avantages considérables, notamment l’attribution d’un contrat de travail et d’une rémunération stable tout au long de la formation.
C’est, pourtant, au terme de ces années d’internat qu’un obstacle majeur se dresse face aux jeunes médecins spécialistes : malgré leurs efforts et leurs compétences, nombreux sont ceux qui se heurtent à la réalité amère causée par le manque de places dans les hôpitaux publics. Le système de santé roumain, en proie à de nombreux défis économiques et structurels, ne parvient pas à absorber tous ces jeunes diplômés. Beaucoup se voient contraints de se tourner vers les cliniques privées, où ils sont engagés en tant que personnes physiques autorisées, rémunérés à un pourcentage des revenus générés. Cette flexibilité, perçue comme une liberté par certains, est pour d’autres une source d’incertitude et d’instabilité.
Face à cette situation, la France apparaît souvent comme la terre promise. En effet, durant leur formation, de nombreux étudiants roumains effectuent des stages à l’étranger, le territoire français étant une destination privilégiée grâce aux nombreux accords que la faculté entretient avec des universités et des hôpitaux de toutes les régions de l’Hexagone. Attirés par les conditions de travail plus favorables, la rémunération et les opportunités de carrière, un nombre croissant de médecins roumains choisissent de poursuivre leur vocation en France et de laisser derrière un manque cruel pour la Roumanie, qui peine à retenir ses talents. Force est de constater que si, pour ces médecins, quitter leur pays d’origine n’est pas, le plus souvent, un choix de cœur, mais un impératif professionnel causé par la réalité des contraintes budgétaires, ce phénomène contribue, d’autre part, à un exode des cerveaux que connaît notre pays et qui accentue la crise de son système déjà fragilisé.
Malgré cette réalité pesante, l’UMF de Cluj continue, chaque année, d’attirer ses étudiants, de nouvelles générations portées par la rigueur de la formation clujoise et prêtes à surmonter tout défi pour réaliser leur ambition de devenir médecins. Les amphithéâtres surchargés de cet été en témoignent, où, sur un nombre important de candidats, 345 ont été admis, tandis que 424 ont été refusés.
Où en seront ces jeunes générations dans une dizaine d’années ? Il revient à nos dirigeants de mener le changement, en espérant que les élections de cette année sèmeront des fruits porteurs d’avenir…