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SERBIE - GHANA : "Cela me restera pour la vie"

SERBIE - GHANA : "Cela me restera pour la vie"

Témoignage
12 septembre 2023 - par Andjela Puric 
 - © Aimablement prêtée par Andjela Puric
© Aimablement prêtée par Andjela Puric

Andjela Puric, professeure de francais en Serbie a dit « oui » à la proposition de l’Organisation Internationale de la Francophonie de partir au Ghana collaborer avec ses collègues enseignants de langue française. Expérience éducative autant qu’expérience de vie !
Programme de mobilité des enseignants

En tant qu’enseignante volontaire expatriée en mission dans une ville dynamique, Kumasi, au Ghana, je suis constamment immergée dans la richesse de la Francophonie. Ici, je suis entourée d’étudiants, de collègues et de membres de la communauté qui s’intéressent à la langue française et qui cherchent à développer leurs compétences linguistiques. Dans ce contexte, je suis chaque jour confrontée à la diversité des motivations qui poussent des Ghanéens à apprendre cette langue. Certains cherchent à améliorer leurs perspectives professionnelles, d’autres sont attirés par la richesse littéraire et artistique de la francophonie, tandis que certains sont simplement curieux de découvrir une nouvelle culture.

Ma première expérience en Afrique a été un bénévolat en Algérie où j’ai appris une partie de la grande diversité culturelle et linguistique de la francophonie. Après cette magnifique aventure, je savais qu’un lien indélébile se tissait entre moi et le berceau de l’humanité comme le disait Cheikh Anta Diop.
Le Ghana : pays le plus loin où j’ai posé mes pieds, mais aussi mes valises pour une mission internationale riche en couleurs et découvertes. Pour la première fois, je serai complètement seule dans un milieu complètement méconnu.

J’ai toujours été poussée par mon désir de voir le monde et notamment de connaître le monde francophone en dehors de l’Europe, de savoir qui sont ces millions de personnes, qui, comme moi, parlent le français, de savoir comment ils vivent, car oui, je crois profondément que les voyages nous forment et représentent la manière la plus intense d’apprendre sur la vie.
Cette expérience m’a permis de confirmer mes idées précédentes sur la francophonie - ouverture au monde, diversité dans chaque sens, multiculturalité, plurilinguisme - qui me suivent depuis mes études notamment lors de mon premier contact avec l’Organisation Internationale de la Francophonie au Forum mondial de la langue française à Liège en 2015 où j’ai rencontré des gens venant de tous les coins du monde.

Contribuer à l’enseignement de qualité de français au Ghana a toujours été un motif de satisfaction inépuisable pour moi, même dans les moments difficiles.

« Rien n’est constant si ce n’est le changement » disait le philosophe grec du 4e siècle avant J.C., Héraclite d’Ephèse. Vérification faite ! Ce fut pareil dans mon cas. Je suis passée par des phases différentes avant de m’adapter. À mon arrivée au Ghana, je me sentais comme un Candide qui apprenait constamment, qui devait changer et s’adapter à tout moment, comme si tout ce que je savais ne suffisait pas. Là-bas, j’ai appris à me fier à moi-même, mais aussi aux étrangers absolus. J’ai appris à sortir complètement de ma zone de confort, à aller vers les autres, à embrasser l’inconnu et l’incertitude, à prendre l’initiative, à vivre à fond le moment présent. J’ai beaucoup questionné ma façon d’être, ma façon de faire les choses, mon sens du « normal  ». Je suis arrivée à la conclusion que cette notion n’existe pas. Il existe uniquement « différent  », et il faut l’accepter tel quel. L’Homme est l’Homme, il a les mêmes préoccupations peu importe l’endroit où il se trouve et malgré toutes les différences culturelles ou géographiques.

J’ai eu la possibilité de découvrir le Ghana : sa géographie, ses paysages, sa culture, son histoire, ses tradition, son système éducatif... J’ai été fascinée par la diversité et la richesse au niveau des langues, cultures, ethnies, religions représentées et que tout cela fonctionne bien ensemble. J’ai beaucoup apprécié les Ghanéens que je trouve calmes, décontractés, bienveillants et voulant aider l’autre. Avec le recul, j’apprécie encore plus mon pays et tout ce qu’il m’a donné, car parfois, on prend pour acquis les choses « basiques » comme l’eau, l’électricité, la nourriture, les ressources naturelles. J’ai bien aimé le goût des fruits exotiques et comment l’authenticité se maintient, à travers les pagnes et la couture, qui persistent encore au quotidien, j’ai dû confectionner plusieurs tenues et là, je suis passée par la phase de l’acculturation.

Grâce à ce programme, j’ai eu la chance de visiter d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin et ça m’a fait penser à ma région des Balkans, car les pays de l’Afrique de l’Ouest ont beaucoup de choses en commun - les traditions, les langues, les habits, la nourriture comme nous dans les Balkans. Tous ces voyages m’ont donné une grande leçon de relativité dans la vie, rien n’est ni tout noir ni tout blanc et malgré la distance géographique, tout cela ne me paraît plus lointain, car je me suis approchée de ces gens, de leurs traditions et cultures et c’est l’un des plus grands apports de cette mission.

Pour moi, le programme de mobilité et cette expérience au Ghana restent une aventure humaine avant tout. Vivre, travailler, voyager, rire, pleurer, cuisiner, danser avec des gens nés à un autre bout du monde, apprendre d’eux, partager, ne peut que nous rendre plus ouvert d’esprit, plus tolérant, plus compréhensif, plus sage, plus humble, plus résilient, plus respectueux, plus reconnaissant envers la vie et pour moi ça n’a pas de prix. Cela me restera pour la vie et toute cette magie s’opère grâce à un immense trésor que nous avons tous et toutes en commun, la langue française.

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