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Soulèvement en Iran - clefs de compréhension

Soulèvement en Iran - clefs de compréhension

31 janvier 2023 - par Hamid Enayat 

Lundi 15 mars 2023

Le principal acteur de la révolution est le peuple d’Iran !

Le 8 mars dernier, le site d’état Bulletin News concédait à ses lecteurs que les attaques chimiques subies par les écoles de filles au pays sonnaient « l’arrivée du moment de la succession ». En Iran, il semble que tout le monde se rend à l’évidence ; ce régime ne peut pas survivre et encore moins retrouver son équilibre d’avant le soulèvement. D’autant plus qu’il ne fait plus aucun doute à l’heure actuelle que le commanditaire des intoxications chimiques n’est autre que le guide suprême lui-même.

L’habituelle stratégie de la crise

Les attaques chimiques ne peuvent être l’œuvre d’un individu seul, ni même d’un groupe indépendant. De plus, Ali Khameneï a pour habitude malheureuse de combattre les crises internes menaçant l’intégrité et la survie de son régime par un massacre ou par la création d’une crise plus importante. L’objectif est toujours le même ; détourner l’attention populaire et instiller la peur jusque dans les os des hésitants. Cette fois, en ciblant les écoles de filles, le guide suprême cherche de surcroît à se venger de toutes ces jeunes femmes qui lui ont tant fait mal ces 25 dernières années et plus particulièrement ces 6 derniers mois. En plongeant plus encore dans les abysses de sa propre haine, il croit pouvoir annihiler les velléités de renversement du régime par l’intimidation et l’horreur quotidienne, franchissant toutes les lignes rouges. On savait déjà le guide suprême et les pasdarans peu enclins au respect des droits humains, mais avouons que cette fois, la limite est largement dépassée.

Le fait est que malgré la répression brutale, le régime n’a pas été en mesure d’écraser, ni même d’endiguer le soulèvement populaire. La raison en est simple ; ce soulèvement n’est qu’un reflet de la violence subie par le peuple depuis trop longtemps ; pauvreté, chômage, chute de la monnaie, humiliations quotidiennes et, surtout, situation catastrophique des femmes. Cette violence d’état, appliquée telle une stratégie de commandement à plus de 80 millions d’habitants pendant plus de 40 ans, se retourne aujourd’hui contre ses instigateurs et ses promoteurs. Les gens n’ont plus peur de rien. Sans doute parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. La peur a clairement changé de camp et les hauts murs qui protégeaient le régime commencent à s’effriter de l’intérieur.

Un épicentre d’espoir pour le peuple iranien

Les unités de résistance et le réseau national de résistance organisée à l’intérieur du pays, créés et dirigés par les Moudjahidines depuis 2013, jouent un rôle important dans le soulèvement. Ils sont devenus l’épicentre de l’espoir du peuple iranien. Ces unités sont essentiellement composées de jeunes, en particulier de jeunes filles, et œuvrent pour le changement à l’intérieur du pays par le biais de soulèvements et de manifestations continues. Il est clair qu’elles se renforcent de jour en jour, tandis que le régime s’affaiblit.

Malgré les arrestations massives, les tortures et les exécutions brutales, les unités de résistance ont augmenté de 500 % au cours du soulèvement. Récemment, elles ont mené des dizaines d’opérations anti-suffocation chaque jour, notamment en brûlant les symboles du régime. Et le pouvoir ne s’y trompe pas. Le site Bulletin News déjà cité plus haut et affilié au Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) affirme clairement que ce sont bien les Moudjahidines qui sont “le principal pilier du renversement en Iran“, par l’intermédiaire des UR. Par conséquent, le régime met tout en œuvre pour éliminer les moudjahidines, en recourant à des campagnes de diabolisation.

Utiliser les soi-disant opposants pour brouiller les pistes

Le régime n’a jamais hésité à utiliser les vestiges de la monarchie pour affronter son principal ennemi, les moudjahidines. En essayant de faire valoir le fils du dictateur déchu en 1979, le régime tente d’éclipser l’alternative démocratique. Mais le peuple n’est pas dupe et rejette formellement l’un comme l’autre, tous deux considérés comme des fascismes, laïque pour l’un, religieux pour l’autre. Les slogans scandés dans les rues depuis 6 mois ne laissent aucune place au doute : “Mort à l’oppresseur qu’il soit un roi ou un leader (Guide suprême) !“

À l’époque du Shah, tous les militant pour la liberté ont été exécutés ou emprisonnés, ce qui a permis aux mollahs de s’emparer de la direction de la révolution en bénéficiant de ce vide politique. Aujourd’hui, le peuple iranien est pleinement conscient qu’il doit se distancier de toute forme de dictature. C’est pourquoi depuis 2003, la résistance iranienne appelle à la formation d’un Front de solidarité nationale. Un front qui s’est construit autour de trois principes de base : le renversement de l’ensemble du régime ; la formation d’une république démocratique ; un gouvernement laïque.

Toutes ces valeurs se retrouvent au sein du Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI), coalition politique la plus ancienne de l’histoire contemporaine de l’Iran. Cette coalition lutte pour l’établissement d’une république démocratique qui garantit des élections libres, la liberté d’expression et de réunion, la légalité, l’égalité entre les hommes et les femmes, l’autonomie des nationalités et un Iran non nucléaire.

L’occident ; le chaînon manquant

La révolution avance, mais il reste encore un long chemin à parcourir, semé d’embûches. Qu’importe, après avoir résisté durant 6 mois à une répression féroce orchestrée par un régime aux relents médiévaux, il est impossible que le peule cède et rentre dans le rang. Plus rien n’empêchera désormais le peuple iranien d’accéder à la liberté. Et les politiques occidentales devront faire avec. La complaisance, l’indécision et la prudence avec laquelle les chancelleries occidentales soutiennent la révolution iranienne en disent long sur la prédominance des accords commerciaux sur l’aspect humain de la politique.

Pour autant, la résolution #100 du Congrès américain, intitulée "soutenir le désir du peuple iranien d’une république démocratique avec séparation de la religion et de l’État et non nucléaire", est un guide pratique pour une politique fondée sur des principes, bien plus que sur une idéologie, qu’elle soit religieuse ou financière. Les effets économiques du soulèvement en Iran sont désastreux pour de nombreux pays dans le monde. L’heure est venue pour les occidentaux de faire un choix clair ; continuer à complaire ou afficher clairement un soutien franc et massif à la démocratie qu’ils chérissent…


Lundi 30 janvier 2023

Un bref aperçu des travaux et des réalisations du soulèvement en Iran

Au fil des jours qui passent, malgré les hauts et les bas l’accompagnant, le soulèvement iranien de 2023 est entré dans son cinquième mois. Le temps pour nous de regarder en arrière et de réaliser une sorte de premier bilan des affaires en cours.

Un bref coup d’œil sur ces 4 mois de manifestations et d’émeutes visant au renversement du régime théocratique nous permet déjà de noter un point marquant : jamais auparavant, durant les 44 années de dictature religieuse, un mouvement de contestation n’avait pris autant d’ampleur en Iran. On peut affirmer sans risque de contradiction que ce soulèvement a créé un séisme politique et social d’envergure internationale. Mais au-delà de ce constat, nous avons classé les réalisations et les conséquences du soulèvement toujours en cours selon quatre perspectives : le peuple et la société iranienne, le régime des mollahs, la scène internationale et la résistance.

Le peuple et la société iranienne

D’un point de vue social, la solidarité, la sympathie et la convergence qui ont émergé entre les personnes dans ce soulèvement étaient sans précédent, et différentes couches de personnes ont soutenu et continuent de soutenir la jeunesse insurgée dans la rue de toutes les manières possibles.
La présence massive de femmes et de jeunes filles dans les rangs des insurgés, en particulier dans le rôle de leader des protestations, a véritablement impressionné le monde. Cette question féministe, se confrontant de plein fouet au dogme et la culture antiféministe et réactionnaire du Velayat e-Faqih, a rendu le peuple d’Iran fier et a inspiré le monde entier.

À cet égard, les mots de l’ancien secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, lors d’un rassemblement d’Iraniens à Washington le 17 octobre sont très révélateurs : "Le mouvement que nous voyons aujourd’hui est clairement différent de ce que nous avons vu dans le passé. Les femmes et les jeunes iraniens sont à la tête des soulèvements. Leur courage est louable... J’ai vu un peuple uni faisant preuve d’un courage et d’une coopération incroyables pour renverser le régime."

Cette déclaration officielle démontre de surcroît à quel point les énergies populaires sont engagées à défaire la dictature religieuse et à refuser toute forme d’autoritarisme. De fait, les slogans scandés depuis plus de quatre mois ne laissent aucune place au doute. Partout dans le pays, dans chaque rassemblement et chaque manifestation, les foules scandent : "Mort à Khamenei" et "Mort à l’oppresseur, que ce soit le roi(1) ou le dirigeant (2)" . L’objectif est limpide : hors de la démocratie et d’une constitution écrite par le peuple, point de salut !

L’impact sur le régime des mollahs

Les effets de ce soulèvement organisé se font sentir jusque dans les plus hautes strates du régime. Le choc est tel que de nombreuses personnalités et commandants du CGRI ont déjà pressenti l’inéluctabilité du renversement, provoquant peur et inquiétude dans leurs rangs quant à l’avenir, proche et lointain, du régime. De la même façon, de nombreux imams du vendredi et de responsables politiques et institutionnels ont d’ores et déjà reconnu publiquement l’ampleur du mouvement et ses conséquences directes sur la gouvernance du pays. En ce sens, la déclaration télévisée d’Hamid Abazari (3), conseiller du commandant en chef du CGRI, n’a fait que confirmer au peuple qu’il était sur la bonne voie. "Nous avons vu les grands généraux, ceux qui étaient les fonctionnaires de premier rang de ce système, nous avons vu qu’ils ont fait peu de choses." En fustigeant l’attitude passive des grands généraux, Hamid Abazari a joué de maladresse et n’a fait que renforcer la détermination des résistants.

La scène internationale

Troisième point, et non des moindres, les effets du soulèvement iranien sur la scène internationale. En dévoilant les atrocités commises par le régime depuis plus de 40 ans, les résistants ont contribué à isoler plus encore les mollahs. Les dirigeants iraniens, autrefois loués pour leur intelligence, sont aujourd’hui haïs. À cet égard, la poursuite du soulèvement et les activités ininterrompues de la résistance iranienne durant les quarante dernières années ont permis de porter des coups importants au régime et d’obtenir des résultats significatifs. On peut évoquer notamment l’expulsion du régime de la Commission des Nations Unies sur les femmes, la formation d’une commission d’enquête de l’ONU sur les crimes du régime contre les manifestants et les insurgés, avant, on l’espère, l’inscription du CGRI sur la liste noire du Parlement européen.

Le travail de fond de la résistance

Quoiqu’on en dise, le travail de fond et les stratégies développées par la résistance et son organe politique, le CNRI, contre la dictature des mollahs ont été largement éprouvés sur le terrain. Dans la rue, étape par étape, le monde entier a pu constater que les jeunes et les femmes souhaitaient ardemment renverser l’ensemble du système. Le nombre incalculable de symboles brûlés, ravagés, vandalisés et les slogans évoqués plus haut ne laissent, encore une fois, aucune place au doute. Ce mot d’ordre est celui que la résistance iranienne, œuvrant en sous-marin depuis 40 ans, ne cesse de répéter depuis ses toutes premières revendications et actions politiques. Bien sûr, cette résistance de tous les instants a un prix élevé et les sacrifices concédés sont énormes.

Au final, ces indicateurs démontrent à qui veut bien faire preuve de bonne foi, que la situation politique du pays ne pourra jamais revenir à celle connue avant le début des émeutes, en septembre 2022. De plus, les circonstances actuelles semblent indiquer clairement que ce régime tyrannique touche à sa fin. La corruption et la destruction doivent disparaître, pour toujours.

Notes
(1) Le Roi fait référence à la précédente dictature, celle du Shah, effective jusqu’en 1979, année de prise du pouvoir par la Révolution Islamique.
(2) Le Dirigeant fait référence au guide suprême, Ali Khameneï
(3) Le 31 décembre 2022 ; Régime TV - Agence de presse en ligne Khabar


Jeudi 26 janvier 2023

Coup d’œil sur le soulèvement en Iran - Jour 133

Le compte :
 Jours : 133
 Manifestations : 282 villes
 Nombre de morts : Plus de 750 morts estimés, 637 identifiés par le MEK ( L’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien )
 Détentions : 30,000

Dernières nouvelles
Le soulèvement national de l’Iran a marqué son 133ème jour jeudi, alors que des personnes de tous les horizons sont descendues dans les rues pour manifester.

À Zahedan, la capitale de la province du Sistan et du Baloutchistan dans le sud-est de l’Iran, les autorités du régime ont fait voler des hélicoptères militaires au-dessus de la ville pour instiller un climat de peur parmi les habitants avant les manifestations de demain. Des points de contrôle supplémentaires ont également été installés dans différents quartiers de la ville.

Dans la ville d’Izeh, dans l’ouest de l’Iran, les autorités du régime ont dépêché de nombreuses unités de sécurité pour bloquer une route menant au site où les habitants avaient prévu une cérémonie pour Mahmoud Ahmadi, tué par les forces de sécurité des mollahs lors des récentes manifestations. Ceux qui ont pu assister à la cérémonie ont brandi les photos d’Ahmadi et scandé des slogans hostiles au régime, notamment : "Mort à Khamenei ! Maudit soit Khomeini !"

Mardi soir, des habitants des quartiers de Punak, Shahran et Narmak à Téhéran, de la zone de Molla Sadra et de différents quartiers de l’ouest de la capitale ont commencé à scander des slogans anti-régime visant spécifiquement Khamenei et l’ensemble de l’appareil des mollahs. Ces slogans comprenaient :

"Mort à l’oppresseur ! Que ce soit le Shah ou [Khamenei] !"
"Mort au dictateur !"
"Mort à l’IRGC !" ( Le corps des gardiens de la révolution islamique )

Lundi et jeudi, la capitale iranienne, Téhéran, et Karaj ont également vu des personnes dans différents quartiers scander des slogans anti-régime la nuit, signe que le sentiment populaire contre la dictature au pouvoir est profondément enraciné et persistant.

Les unités de résistance en Iran ont lancé une série de 17 activités différentes contre le régime des mollahs, mardi 24 janvier, dans les villes du pays. Les cibles étaient des centres à Téhéran et Eslamshahr utilisés par les mollahs pour promouvoir l’idéologie de haine, de misogynie et de fondamentalisme des mollahs, les bases paramilitaires Basij de l’IRGC dans les villes de Qom, Karaj, Mashhad, Shiraz, Kerman, Hamedan, Qazvin, et Shush, l’incendie d’affiches de Khamenei et du fondateur du régime Ruhollah Khomeini dans les villes de Saravan, Langarud et Sarpole Zahab, et l’incendie d’affiches de l’ancien chef de la Force Quds de l’IRGC, Qassem Soleimani, dans les villes de Kashmar, Karaj et Téhéran.

Mardi, à Bampour, dans la même province, des habitants ont affronté les forces de sécurité de l’État au cours desquelles un major et un troisième lieutenant ont été tués et un sergent-major a été blessé.

À Sardasht, dans le nord-ouest de l’Iran, trois frères ont été hospitalisés après avoir été blessés par balle par des unités de l’IRGC plus tôt ce matin.

Les familles des condamnés à mort se sont rassemblées mercredi soir devant la prison de Ghezel Hesar à Karaj, à l’ouest de Téhéran, pour protester et demander des informations sur leurs proches. Les rapports indiquent que trois détenus ont récemment été transférés à l’isolement en vue de leur exécution.Dimanche Toujours à Téhéran, les familles des condamnés à mort se sont rassemblées devant le bâtiment judiciaire du régime pour protester contre les condamnations à mort et demander des réponses aux responsables du régime.

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