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SUISSE - Retour sur l’année 2015-2016

SUISSE - Retour sur l’année 2015-2016

Santé ou ressources naturelles, les grandes questions concernent les futures générations (Flickr - vitalis hirschmann)

POLITIQUE

Au deuxième semestre 2014, la Suisse fut marquée par des votations aux résultats clairs et souvent défavorables aux instigateurs. Soutenue notamment par GastroSuisse, l’association faîtière des cafetiers, restaurateurs et hôteliers, l’initiative « Stop à la TVA discriminatoire pour la restauration !  » est rejetée par sept électeurs sur dix (71,5 %) le 28 septembre. L’idée était de rétablir une équité entre les plats servis sur place et ceux « à emporter ». De la même manière, « Pour une caisse publique d’assurance-maladie » fut un sujet approuvé par seulement à peine deux Suisses sur cinq. Cette thématique, soumise au vote ce dimanche-là, a depuis longtemps de faux airs de serpent de mer à l’échelle nationale, sinon de marronnier. Elle est régulièrement proposée et rejetée de la même façon. Aujourd’hui, les citoyens suisses ont l’obligation de souscrire à une assurance-maladie de base, dont les prix varient conséquemment d’un canton à l’autre et d’une commune à l’autre. La Fédération romande des consommateurs y était favorable, ainsi qu’une minorité d’organismes d’influences. Les résultats des votes pour la restauration et pour le système de santé se sont en réalité avérés sans surprises. Deux mois plus tard, les électeurs du pays ont récidivé en rejetant des sujets aux conséquences économiques incertaines, notamment l’initiative lancée par le parti La Gauche, « Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires », cela à une large majorité (59,2 %). À noter qu’un seul canton, Schaffhouse, l’a acceptée et encore, d’une courte tête (50,8 %) ; l’autre initiative « Halte à la surpopulation — Oui à la préservation durable des ressources naturelles » s’est vu douchée par trois quarts des électeurs (74,1 %). Quelques mois après le « séisme du 9 février » et l’initiative « contre l’immigration de masse », le signal envoyé par « Ecopop », cette mesure teintée de populisme, aurait été catastrophique. Souverain, le peuple a cependant fait preuve de bon sens. Le Tessin, canton latin le plus enclin à fermer ses frontières, n’a pas non plus jugé l’initiative opportune, en la rejetant lui-même à 63,1 %. Les partis gouvernementaux se sont pour leur part trouvés confortés par l’échec cinglant de l’initiative « Sauvez l’or de la Suisse » (non à 77,3 %). Le taux de participation de près de 50 % s’inscrivait dans la moyenne.

La présidente du Conseil fédéral (Wikimedia Commons - ludovic péron)

À l’entame de l’année 2015, le président Didier Burkhalter a laissé sa place à sa collègue socialiste Simonetta Sommaruga. Bernoise d’origine, au Conseil fédéral depuis 2010, la nouvelle présidente est la cinquième femme à ce poste depuis la fondation de l’État fédéral moderne. Outre cette fonction, elle est la chef du département fédéral de justice et police. Elle est épaulée par un autre Bernois, Johann Schneider-Amman, membre du Parti libéral-radical, entré au Conseil fédéral le même jour qu’elle. Ce dernier, vice-président de la Confédération, est de surcroît chef du département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche. Le reste de son équipe est alors composé du Zurichois Ueli Maurer, ancien président de l’Union démocratique du centre (UDC), parti majoritaire en Suisse. Ce dernier reste en charge du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports. Didier Burkhalter, du canton de Neuchâtel, membre du Parti radical démocratique (aujourd’hui PLR), demeure pour sa part aux affaires étrangères. Élue en juin 2006 au Conseil fédéral, l’Argovienne Doris Leuthard, du Parti démocrate-chrétien, dirige quant à elle le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication depuis 2010. La Grisonne Éveline Widmer-Schlumpf (Parti bourgeois démocratique) continue de s’occuper des finances publiques et des impôts, pour la cinquième année. Enfin, dernier arrivé au Conseil fédéral en 2011, Alain Berset, socialiste fribourgeois, reste le chef du Département fédéral de l’intérieur. Les «  sept sages » sont assistés de Corina Casanova, chancelière. Les élections pour de nouveaux conseillers fédéraux auront lieu le 18 octobre.

Sur le plan politique, et en termes de votations, le premier semestre 2015 a été agité au moins pour le parti « Vert’libéraux », fondé en 2007. Le 8 mars, le peuple devait se prononcer sur la possibilité de « Remplacer la TVA par une taxe sur l’énergie », une initiative qu’il soutenait ardemment. L’ampleur du résultat négatif - 92 %, score historique - provoqua des remous dans le paysage politique. S’il faut remonter à 1929 pour un score encore pire, pas moins de 33 communes, dont 16 en Suisse romande, ont dit non à 100 %.

Au mois de juin, l’initiative populaire « Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS » s’est vu opposer un non catégorique. Un électeur sur trois estimait l’idée porteuse pour le pays. Ce dimanche de printemps fut également funeste pour l’initiative sur les bourses d’études, balayé à un taux similaire de 72,5 %, au grand dam des étudiants. À Genève et Neuchâtel, les citoyens étaient le moins défavorables en votant oui à 43 %. En conséquence, les étudiants demandeurs de bourse continueront de voir des montants varier selon les cantons. Le rejet de l’initiative marque l’entrée en vigueur d’une loi votée par le Parlement comme contre-projet indirect. Le problème, constaté par tous les milieux, attend encore une vraie solution. Seul consensus notable favorable à un texte soumis au vote, la validation à 61 % de l’arrêté fédéral concernant la modification de l’article constitutionnel relatif à la procréation médicalement assistée et au génie génétique dans le domaine humain.

FOCUS
Fin juin, la Chancelière Corina Casanova a annoncé qu’elle quittera son poste à la fin de l’année 2015. En poste depuis 2008, cette PDC originaire des Grisons a renoncé à être candidate pour un troisième mandat. Elle s’arrêtera donc avec le renouvellement du Conseil fédéral, agendé le 9 décembre. Son siège est parfois considéré comme celui du huitième conseiller fédéral. Elle figure sur la photo du Conseil fédéral 2015, qui a suscité de nombreux commentaires, tant par rapport à sa scénographie où les femmes sont plutôt à l’écoute et les hommes, dans la parole, que pour un détail, insolite, un téléphone d’une autre époque !

L’économie suisse tourne rond ! (Flickr - christopher lance)

ÉCONOMIE

Le second semestre 2014 a, pour l’économie suisse, présenté des signes de stabilité dans une période de croissance relativement faible pour le pays. Le Produit intérieur brut (PIB) était espéré à 1,7 %, mais notamment, grâce à l’industrie manufacturière et la « santé humaine et activités sociales », il a, en glissement annuel, augmenté de 1,9 %. Les exportations de marchandises, sans l’or non monétaire, ni les objets de valeur, ni le commerce de transit, ont grimpé de 2,8 % au troisième trimestre 2014, soutenues par les exportations de produits chimiques et pharmaceutiques.

Dans un tel contexte positif, à l’encontre de la morosité générale, nul ne pouvait imaginer ce que serait la décision de la Banque Nationale Suisse (BNS). Le 15 janvier, à la stupeur générale, elle a supprimé avec effet immédiat le taux plancher avec l’euro. Depuis 2011, il avait été fixé qu’un euro vaudrait 1,20 franc. Cette décision, anéantissant toutes les prévisions, a fait entrevoir une croissance de PIB de 0,8 % en juin 2015, et a, du jour au lendemain, établi une certaine parité avec la devise européenne. Les signes de ralentissement économique se sont fait jour. Les coûts de production ont alors dû être réduits à la hâte. Les exportations de marchandises se sont retrouvées en délicatesse avec la concurrence, notamment de l’Union européenne, tout comme les exportations de services. En pleine saison hivernale, le tourisme a accusé un choc qui s’est propagé aux autres saisons. Les places financières, sises en Suisse, ont également souffert. Si les hôteliers ont eu des sueurs froides, les commerçants, surtout des zones limitrophes, ont espéré que le tourisme d’achat ait une embellie seulement limitée.

La productivité à l’échelle locale et l’innovation sont plus que jamais apparues comme les mécanismes à même de limiter les conséquences négatives de la décision. Les exportateurs ont eu à trouver des moyens de réduire leurs charges, en franc suisse. Sur le plan monétaire, l’économie suisse a pu bénéficier de la croissance mondiale. Cette dernière a permis de maintenir la demande de produits et de services helvétiques, la production a ainsi été épargnée. L’innovation a permis de retarder les baisses de salaire ou les allongements du temps de travail. Deux autres éléments ont mis du baume au cœur des entreprises : la consommation, aidée par le pouvoir d’achat, lui-même favorisé par la baisse des prix, ainsi que les secteurs proches de l’État, à commencer par la santé.

Passée la surprise de l’annonce de janvier, le peuple a eu à se prononcer au mois de mars sur l’initiative « Remplacer la TVA par une taxe sur l’énergie ». Il l’a rejetée massivement (92 % des électeurs), pour envoyer un signal clair et positif à l’économie. D’après l’organe « economiesuisse », l’initiative aurait créé de nouvelles incertitudes, en engendrant notamment une réduction de la consommation. Dans le contexte économique rendu encore plus difficile, l’économie suisse n’avait, selon lui, pas besoin de charges supplémentaires, mais d’un moratoire sur les coûts. Le ralentissement de la conjoncture a influé sur la construction industrielle, la construction de logements en propriété a stagné et seuls les taux d’intérêt négatifs soutenaient la construction de logements locatifs. Les carnets de commandes devaient s’étoffer au deuxième semestre 2015.

En matière de chômage, l’année 2014 s’est achevée avec un taux linéaire. « Economie suisse » s’attendait à une augmentation du taux de chômage, à 3,7 % en moyenne annuelle, mais les chiffres pour décembre 2014 étaient en réalité moindres, à 3,4 %. Le chômage a surtout augmenté dans le secteur secondaire et en partie dans le tertiaire. Par rapport à l’année 2013, c’était même 2068 personnes de moins (-1,4 %). Le chômage des jeunes, de 15 à 25 ans, a même diminué de 4,1 % en un an. Le séisme du 15 janvier a fait craindre un temps une augmentation des délocalisations et donc une réduction des effectifs nationaux, cela ne s’est toutefois pas traduit dans les chiffres. Reste qu’en juin 2015, le taux de chômage national était de 3,1 %, quand il était de 2,9 % l’année précédente à pareille époque. Les jeunes et les plus de 50 ans étaient les catégories les plus affectées (2,8 % en juin 2015). Selon certaines prévisions, le taux de chômage devrait atteindre en moyenne 3,3 % fin 2015 et même 3,5 % en 2016.


Benjamin Philippe
rédacteur à Genève
bjn.philippe@gmail.com

SOCIÉTÉ

Population
En 2014, la Suisse a passé la barre des 8,2 millions d’habitants pour une superficie de 12 029 km² et une densité de 203,5 habitants par km². Depuis le début du XXe siècle, sa population a plus que doublé (3,3 millions en 1900). La pyramide des âges s’est considérablement modifiée au cours du XXe siècle. L’espérance de vie des hommes est passée à 80,5 ans et celle des femmes à 84,8. Le taux de fécondité, un des plus bas d’Europe, s’élève à 1,5. Le nombre d’enfants par Suissesse (1,3) reste inférieur à celui des femmes issues de l’immigration (1,8). Le vieillissement de la population s’explique par la chute du taux de fécondité et l’allongement de l’espérance de vie, les moins de vingt ans ne représentant plus que 20,4 % de la population. On constate également que les femmes deviennent mères pour 75 % à 30 ans et plus, alors qu’en 1970, elles étaient 70 % à avoir moins de 30 ans. Les femmes comme les hommes se marient également plus tardivement. On compte 2,1 divorces pour 1000 habitants. La population étrangère (23,5 %) participe à 45 % de l’accroissement de la population, qui a progressé de 1,2 % (1).

Langue
La Suisse possède quatre langues officielles : l’allemand, parlé dans dix-sept cantons par 63,5 % de la population, le français pratiqué par 22,5 % de locuteurs (dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Vaud, du Jura et ceux de Fribourg, Berne ou du Valais, bilingues avec l’allemand), l’italien rassemblant 8,5 % d’usagers, dans le Tessin, et, enfin, le romanche, comptant 0,5 % de locuteurs, dans les Grisons. Notons que depuis que l’OFS offre la possibilité d’indiquer deux langues, on constate une augmentation des francophones et italophones. En constante régression depuis 1980, perdant 15 % de ses représentants en une décennie, et considéré comme minoritaire, le romanche résiste. Lors d’une session des Chambres Fédérales, il a été reconnu comme langue nationale, le 20 février 1938, puis, en tant que langue officielle, « pour les rapports que la confédération entretient avec les personnes de langue romanche », le 18 avril 1999 (2). Longtemps présenté comme un mélange de français, d’allemand et d’italien, il est maintenant établi que le romanche dérive du latin, mais, qu’enfermé dans les Alpes, il a évolué différemment. Comme beaucoup de parlers basilectes, le romanche survit grâce à ses pratiquants qui se battent pour que, dans les Grisons, l’enseignement de certaines branches, à l’école primaire, continue à se donner dans leur langue maternelle ou pour que cette dernière soit enseignée, au même titre que l’allemand, dans le secondaire. Malgré ces tentatives de réhabilitation, la reconnaissance du romanche reste ambiguë. Rappelons que l’exposition nationale, qui devait être consacrée au romanche, il y a plus de dix ans, n’a jamais vu le jour, faute de fonds. Les sponsors ont, en effet, estimé le projet pas assez rentable (3). L’enseignement du français est également remis en cause en Thurgovie, canton alémanique, au profit de l’anglais. Une telle démarche touche à un des points fondamentaux du système fédéral et montre que : «  l’enseignement d’une seconde langue nationale […] est un échec  » (4). Toutefois, la présence de diverses communautés enrichit le paysage linguistique de la Suisse. Ainsi, des langues comme le portugais ou l’albanais sont plutôt pratiquées dans la sphère privée, tandis que l’anglais s’emploie de plus en plus dans le monde du travail.

CULTURE

Théâtre
En partenariat avec Am Stram Gram ou La Comédie de Genève et la France voisine (Haute-Savoie), le théâtre s’invite dans les écoles. « Le théâtre dans ta classe » propose une mise en scène spécialement adaptée aux salles de classe. Ainsi, les collégiens ont pu réfléchir sur la société de consommation en assistant à L’Avare, sur la solitude avec une adaptation de Fabrice Melquiot du mythe de Narcisse et d’Echo : Je serai seule, insignifiante et comblée ou sur la seconde guerre mondiale avec la majestueuse interprétation du comédien Carlo Brandt, incarnant un survivant des camps. La réflexion sur l’état de nos sociétés mais aussi sur le regard du Même et de l’Autre a pu se prolonger avec le spectacle, Un Fou noir au pays des Blancs, de l’écrivain psychologue congolais, Pie Tshibanda, réfugié en Belgique après l’épuration ethnique au Kasaï.

Omar Porras (Ph - geoffrey cottenceau et romain rousset)

Pour sa première édition, le Grand Prix suisse de théâtre/Anneau Hans Reinhart a été décerné au Genevois d’adoption Omar Porras, d’origine colombienne, fondateur et directeur du Teatro Malandro à Genève, pour l’ensemble de ses mises en scène qui revisite les textes classiques, en mêlant aussi bien les codes de la Commedia dell Arte que ceux de la danse, du chant et des masques. Le Prix de théâtre a été remis au vaudois Massimo Furlan, né à Lausanne, qui a travaillé avec le chorégraphe Philippe Saire, avant de créer sa propre compagnie Numero23Prod, en 2003, dont la caractéristique est de mêler danse et théâtre. Sa dernière pièce Giacomo s’intéresse à la vie du motocycliste italien.

Littérature
Le Prix Bibliomédia a récompensé le Fribourgeois Damien Murith, 43 ans, pour La lune assassinée (5) qui retrace la vie de Césarine, persécutée par sa belle-mère, dans un petit village. Le style de Damien Murith, qui est enseignant au Cycle d’Orientation fribourgeois pour adolescents en difficulté, est très épuré et efficace, presque comme de la poésie. On le compare à Ramuz alors qu’il dit de lui : « Je ne suis pas un écrivain. J’ai écrit un livre. C’est différent  » (6).

Deux lauréats cette année pour le Roman des Romands : la Valaisane Noëlle Revaz pour L’Infini (7) et le franco-suisse Frédéric Pajak pour Manifeste Incertain (8), ouvrage pour lequel il a également obtenu le Médicis essai (France). Né en 1955 à Suresnes, Frédéric Pajak, fils de l’artiste peintre Jacques Pajak, a la particularité de produire des récits écrits et dessinés, l’un complétant l’autre. Il a été rédacteur de journaux satiriques et a obtenu des récompenses, dont le Prix Michel Dentan en 2000, pour L’immense solitude. Noëlle Revaz, née en 1968 et originaire du Valais, qui avait obtenu le Prix Michel-Dentan pour son deuxième roman Efina (9), propose dans L’Infini une satire du monde du livre, critique qui s’étend ensuite à l’ensemble de notre manière de vivre.
Notons que la fondatrice du Roman des Romands, Fabienne Althaus Humerose, enseignante au Collège de Saussure à Genève, s’est vue remettre le Prix fédéral de la Médiation culturelle et que désormais les Tessinois comme Alémaniques sont associés à la manifestation, du moment que leur œuvre est en français.

Le Prix Ahmadou Kourouma, au Salon du livre africain de Genève, a été décerné au Camerounais Mutt-Lon (nom de plume de Daniel-Alain Nsegbe qui signifie «  l’enfant du terroir ») pour son premier roman Ceux qui sortent dans la nuit (10). Dans cette œuvre empreinte de réel-merveilleux, le narrateur décide d’enquêter sur la mort de sa sœur à peine âgée de dix ans. Afin de retrouver le coupable, Alain Nsona doit devenir un ewusu (sorcier). Il est alors projeté au XVIIIe siècle, ce qui permet à l’auteur de confronter l’Afrique contemporaine avec son lot d’acculturations à une Afrique plus traditionnelle.
Le Prix Michel Dentan a été attribué à l’auteur genevois Philippe Ramy, né en 1965, pour Béton armé. Shanghai au corps à corps (11). Le romancier a fait des études en égyptologie et est membre du comité de rédaction du site de créations et de critiques littéraires : remue.net
Antoine Jacquier, animateur social à Lausanne, a reçu pour son premier roman, best-seller en Suisse, Ils sont tous morts (12), le Prix Édouard Rod. Son œuvre évoque l’addiction de Jack et ses camarades en milieu rural pour le cannabis puis pour les drogues dures et la descente aux enfers qui en découle, dans les années 80, époque où, selon l’auteur : « fumer était un choix politique […] un mouvement de révolte contre le système. » (13). Box Productions, installée à Renens, a racheté les droits afin de porter l’œuvre au cinéma.

Bande dessinée
Le français Lewis Trodheim a été l’invité d’honneur du Festival BD-FIL de Lausanne. On a pu voir plus 170 de ses dessins éclectiques au sein d’un labyrinthe. Il y avait également des expositions consacrées à Gotlib, Emmanuel Lepage, au Genevois Poussin. Une immense fresque de Joe Sacco représentait la bataille de la Somme, lors de la Première Guerre mondiale.
À Genève, l’exposition « Eurêka ! » a présenté des dessins inédits de Zep (créateur de Titeuf), Stan&Vince.

Danse
Le Prix de Lausanne a été attribué à Haruo Niyama, danseur japonais de 17 ans.
Gil Roman, malgré l’audit que subit la compagnie Béjart, dont il a repris le flambeau à la mort de son créateur, a reçu le Prix du rayonnement par la Fondation vaudoise pour la culture.
Le danseur et chorégraphe Jozsef Trefeli, Australien d’origine hongroise, diplômé de Melbourne, qui a créé en 2005 ADC (Association pour la Danse Contemporaine) a monté en 2014, en collaboration avec Mike Winter, UP, qui a déjà été représenté dans 13 théâtres en Suisse. Ces créations mélangent danse, théâtre, vidéo, cabaret, opéra ou encore comédie musicale.

Cinéma
Le Festival international du film de Fribourg, qui en est à sa 28e édition, avec 130 films de 46 pays différents en compétition, a récompensé de son Regard d’or le Sud coréen Lee Sujin pour Han Gong Ju, qui avait déjà raflé un prix à Deauville (France). Le Prix spécial du jury a été décerné au Chilien Alejandro Fernandez Almendras pour To Kill a Man. Le prix du jury des jeunes a été remis à l’iranien Shahram Mokri pour Fish and Cat, qui dénonce l’oppression politique. Une mention spéciale a été attribuée à Manuscripts don’t burn de Mohammed Rasoulouf. Dans la catégorie du meilleur court métrage, La Reina de Manuel Abramovith a été primé.

Musique
Le Paléo festival de Nyon, qui en est à sa 39e édition, a accueilli de nombreux artistes internationaux aux registres divers et variés dont James Blunt, Placebo, Lisa Leblanc, Hassette ou Polar.
Le Festival de jazz de Montreux avait en tête d’affiche Buika, Chris Rea, Booker T Jones ou encore Laurent Jaussi.
En 2014, le célèbre chanteur pour la jeunesse Henri Dès a fêté ses 50 ans de carrière.
Dans le registre pop-foll’k, la chanteuse Lilla a sorti son premier album au titre éponyme.


"Gustave Courbet, les années suisses" (ph - MAH Genève)

Expositions
Au musée de l’Ariana, à Genève, une exposition a rendu hommage à Gisèle de Marignac, aujourd’hui décédée, pour son mécénat, mécénat qui aide l’art et les artistes à survivre quand les fonds publics ne suivent plus : « Création contemporaine et mécénat, une alliance durable ».
Au musée Rath, l’exposition « Gustave Courbet, les années suisses » a permis de voir les toiles du peintre sur la fin de sa vie alors qu’il s’était installé sur les bords du lac Léman.
La bourse Act-art, remise au goût du jour depuis 2012, a récompensé Benoît Bilotte pour ses clichés sur le site d’Ostia en Italie.
Le photographe, cinéaste, graphiste, peintre Peter Knapp, né en Suisse en 1931, a rendu hommage aux femmes, qu’il n’a cessé de photographier, avec « 101 regards sur les femmes ».
L’artiste peintre et enseignant aux Beaux-Arts de Genève, Gilbert Mazliah, qui aime réfléchir sur le mouvement du corps et la fonction de l’art, a intitulé sa dernière exposition « Marche au milieu de la vie ».


BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

JACQUIER Antoine, Ils sont tous morts, L’Age d’Homme, 2013.
MURITH Damien, La lune assassinée, L’Age d’Homme, 2013.
MUTT-LON, Ceux qui sortent dans la nuit, Grasset, 2013.
PAJACK Frédéric, Le bon Larron, Bernard Campiche, 1987.
Martin Luther, l’inventeur de la solitude, Éditions de l’Aire, 1997.
L’Immense Solitude, P.U.F, 1999.
Le Chagrin d’Amour, P.U.F, 2000.
La Guerre sexuelle, Gallimard, 2006.
Manifeste incertain, tomes 1,2,3, Éditions Noir sur Blanc, 2012-14.
RAMY Philippe, Béton armé. Shanghai au corps à corps, Éditions la Table ronde, 2013.
REVAZ Noëlle, Efina, Gallimard, 2009.
L’Infini, Zoé, 2014.

Loriane Pédurant Drillot
Département d’instruction publique de Genève

loriane.drillot@edu.ge.ch

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