À Bamako, alors que se prépare la sortie en septembre de THE LOST MAESTROS COLLECTIONS, une réédition de quelques titres de l’orchestre Super Biton de Ségou, nous sommes allés à la rencontre de Salia Elimane Hanne, maître d’œuvre de ce projet musical. La sortie officielle à l’international du disque est prévue pour le 24 septembre et la présentation-dédicace au Mali a été faite le 17 septembre à l’Institut français de Bamako.
Je m’appelle Salia Elimane Hanne, appelé Ardo pour les amis. Je suis natif de Ségou et je suis co-fondateur du label de musique Mieruba. Depuis toujours je suis passionné de musique et mon amitié avec Mangala Camara m’a poussé à me lancer dans l’industrie musicale.
L’actualité, c’est la réédition du CD THE LOST MAESTROS COLLECTIONS, qu’est-ce qui vous a motivé ?
Dans le souci de préserver l’héritage musical du Mali en général et celui de Ségou en particulier, nous avons décidé de rééditer quelques titres de l’orchestre Super Biton de Ségou. L’orchestre de Ségou a une longue histoire qui a commencé dans les années post-Indépendence. Durant leur carrière, ils ont réinterprété des chansons du folklore bambara, mais aussi bozo, bobo et peul de la région de Ségou. C’est ainsi qu’ils ont contribué à préserver une grande partie des mélodies et des histoires de notre culture. Aujourd’hui nous avons besoin de remettre ces titres et de perpétuer le travail de conservation et puis de transmission.
Comment l’idée est-elle venue de mettre en œuvre ce projet et quid de sa réalisation ?
L’idée est venue par des échanges avec les membres de l’orchestre qui vivent encore. Mamadou Sissoko, Bebel Diarra et Aboubakar Kissa, qui est malheureusement décédé sans voir la sortie de la collection, venaient souvent dispenser des cours au centre d’art de Mieruba. Les trois avaient gardé ces titres pendant toutes ces années et grâce à la relation tissée avec Mieruba, ils se sont finalement décidés à nous proposer le projet. Mieruba a ensuite pris contact avec un label français, « Deviation records », qui nous a soutenu pour l’impression des vinyles.
« MIERUBA », PLUS QU’UN LABEL, UN CREUSET DE FORMATION ET DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE MUSICAL MALIEN
Parlez-nous de votre label « Mieruba »
Mieruba collabore avec les jeunes, ils viennent jouer au centre et ils participent à des résidences où ils sont l’opportunité d’échanger avec d’anciens musiciens. Mieruba sert de pont entre l’ancienne et la nouvelle génération, mais notre travail avec l’ancienne n n’est pas encore fini. On est toujours engagé dans l’archivage et conservation du répertoire et on donne la priorité à redonner l’honneur dû aux maestros du passé qui peuvent encore beaucoup faire.
Justement, vous faites le pont entre deux générations, mais en plus qu’est-ce que vous pouvez conseiller à la jeune génération ?
Nous avons encore besoin de nos anciens musiciens pour la transmission du répertoire traditionnel. Le succès de la nouvelle génération dépend de sa capacité à apprendre de l’ancienne. Mon conseil est qu’ils essayent toujours de puiser et s’inspire du riche patrimoine musical malien.
Quels sont les projets de « Mieruba » à part bien sûr la sortie de l’album « THE LOST MAESTROS COLLECTIONS »
Mieruba va continuer avec des rééditions étant donné qu’au Mali il y a beaucoup de musiciens qui ont eu du succès au niveau national, mais pas à l’international. En plus de cela, Mieruba prévoit de faire sortir des productions réalisées avec des musiciens qui font partie de son collectif. À coup sûr, nous allons bientôt vous revenir avec de nouvelles choses.
- Amadou Diallo, Mamadou Doumbia , Zoumana Diarra , Madou Guindo, Gagny Diawara ,Amadou Bah, Dramane Diarra, Aboubacar Kissa , Moussa Traoré ,Toussaint Siane, Modibo Diarra , Mama Sissoko, Blick Diarra, - Paris 1987 - Collection Françoise Huguier