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TOGO : L’éducation de qualité mise à mal par les infrastructures scolaires

TOGO : L’éducation de qualité mise à mal par les infrastructures scolaires

15 mars 2022 - par Eugenie Gadedjisso 
 - © Pixabay - compeaumichael
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« L’école est obligatoire pour les enfants des deux sexes jusqu’à l’âge de 15 ans », consacre l’article 35 de la Constitution togolaise. Cela répond d’ailleurs à l’axe 4 des Objectifs de Développement Durable (ODD) : « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Sauf que, sur le terrain, ce vœu de l’État togolais se heurte à d’énormes difficultés qui laissent croire parfois à une impuissance de ce dernier. Tout comme des centaines d’écoles, surtout du public, l’École Primaire Publique (EPP) Agbélouvé Groupe C (localité située à 64 km de la capitale Lomé) souffre du manque d’infrastructures. Les cours se déroulent pratiquement à ciel ouvert et c’est Dame nature qui dicte sa loi. Dans quelques années, peut-être, les souffrances des élèves, des parents et des enseignants pourront être soulagées, puisque l’école fait partie des établissements scolaires bénéficiant du projet du gouvernement togolais, celui de construire trente mille salles de classe sur tout le territoire national.

Nous n’avons frappé à aucune porte pour avoir accès aux salles de classe et même à la cour de l’École Primaire et Public (EPP) Agbélouvé groupe C. Pas de clôture pour les salles ni pour l’école. Les personnes et animaux n’ont pas à demander de permission ou à faire grands efforts pour faire une irruption dans l’établissement scolaire. L’EPP Agbélouvé groupe C ou encore EPP Gninkoutamé (nom donné par le chef de la localité en référence au nom du quartier) est jeune et en construction grâce au dynamisme du corps enseignant et aux dévouements des parents d’élèves.
Cette école doit sa création à un drame. En effet, un malheureux accident de circulation avait emporté un jeune garçon de 6 ans. Jean, traversant la route en compagnie de ses frères et sœurs n’est jamais revenu à la maison. Fauché dans un fâcheux accident de voiture. Ses deux autres frères eurent la vie sauve. Pour ne pas voir les enfants exposés à ces accidents, les parents d’élèves ont décidé d’ouvrir une école dans le quartier. Ils lancent donc le processus de création de l’École Primaire Publique Groupe C dans le quartier Gninkouta. La mobilisation des uns et des autres a permis d’obtenir un terrain pour la mise en place de l’école. En 2017, les portes de l’EPP Agbelouve groupe C s’ouvrent, 5 salles de classe construites en claie, couvertes par des pailles. 5 ans après, pas grand changement.


L’École Primaire et Public Agbélouvé groupe C

État des lieux
L’EPP Agbelouve groupe C, partage à quelques exceptions près les mêmes réalités que plusieurs écoles au Togo. En 2022, l’école compte 223 élèves. Ces élèves étudient dans les conditions les plus pénibles et n’ont d’autres choix que de s’y adapter. Sur les 8 salles, seule une est clôturée par des clés et couverte. Les autres sont à la merci des intempéries de tous ordres : soleil, vent et pluie. Le sol des salles de classe en terre donne une couleur particulière aux tenues scolaires, offertes par les parents avec beaucoup de difficultés. « Chaque jour quand nos enfants rentrent, il faut laver les tenues puisqu’elles se salissent très rapidement à cause de la terre. Au premier trimestre déjà, les tenues deviennent des haillons  », témoigne un parent d’élève.
C’est peut-être l’aspect moins pénible de ce que vivent ces élèves puisqu’il y a juste quelques mois, une partie du second bâtiment abritant la classe de CM2 s’est écroulée. Il a encore fallu que les parents d’élèves s’organisent pour pouvoir rapidement redresser le bâtiment. «  À chaque fois qu’il doit pleuvoir, il faut libérer les élèves pour éviter que les cahiers soient mouillés. Pendant la journée, il faut déplacer plusieurs fois les bancs pour les préserver du soleil », confie un enseignant de cet établissement. La direction de l’école n’est autre que sous l’arbre de l’école et la salle des enseignants inexistante. Pour ces éducateurs, il y a un grain d’espoir.

Projet gouvernemental de construction de salles de classe

EPP Agbélouvé pourrait faire peau neuve d’ici quelques années. Elle fait partie des établissements scolaires qui seront reconstruits par le gouvernement. D’ailleurs un terrain de 2 hectares est déjà trouvé, quelques formalités administratives et le chantier va débuter rassure un des enseignants. En effet, le gouvernement togolais est conscient de la situation des infrastructures scolaires. Il a élaboré le Projet P9 « Augmentation des capacités d’accueil scolaire », conformément à la Feuille de Route Gouvernementale 2020-2025 et aux engagements politiques du Président de la République, Faure Essozimna GNASSINGBE. Il vise à construire et équiper, dans le cadre du partenariat public-privé des salles de classe d’ici 2025.
Le 20 décembre 2021, le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’Artisanat, Professeur Dodzi Komla KOKOROKO, lançait officiellement les travaux de ce projet. Au total, 30 000 salles de classe, 19 bureaux et 19 magasins seront construits et réhabilités. Une solution très attendue par les parents et les enseignants.
L’EPP Agbelouvé groupe C, au-delà des infrastructures en mauvais état fonctionne dans la précarité. Deux des enseignants de cet établissement sont volontaires payés par les parents d’élèves. Mais depuis bientôt 2 ans ceux-ci sont sans rémunération, le gouvernement ayant décidé d’arrêter les cotisations parallèles des parents. Les craies pour les enseignants tombent comme une goutte d’eau dans la mer. L’école mérite une attention encore plus accrue des plus hautes autorités. Il en va de l’avenir de la génération future.


Article écrit dans le cadre de la création d’un réseau international de jeunes journalistes enquêtant sur les Objectifs de développement durable afin de sensibiliser les populations au respect de ceux-ci.
Organisation Internationale de la Francophonie ; Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France) ; Ministère de la Francophonie (Québec) : Principauté d’Andorre.
Avec le soutien de l’École supérieure de journalisme de Lille (France) et de l’Institut francophone du Développement durable (Québec).

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