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Tunisie, ne nous quitte pas !

Tunisie, ne nous quitte pas !

4 juillet 2024 - par Arnaud Galy 
Tunisie à deux vitesses - © Arnaud Galy - Agora francophone
Tunisie à deux vitesses
© Arnaud Galy - Agora francophone

Qui nous ? Le cercle restreint des pays fondateurs de l’espace francophone formel, aujourd’hui appelé l’Organisation Internationale de la Francophonie. Le président Bourguiba fut un pilier porteur de cette organisation qui a vu ces dernières années s’éclipser le Niger, autre fondateur grâce au président Diori. Le Niger a quitté le navire pour des raisons purement politiques, notamment pour sa rupture diplomatique avec la France. La Tunisie, quant à elle, prend discrètement la fuite car la langue française y perd de son attractivité. Peu à peu, sa prédominance s’effrite. Les écoles primaires ne parviennent pas à maintenir un niveau acceptable et, inéluctablement, ni le collège ni le lycée ne rattrapent le coup. Résultat, dans certaines régions, comme celles de Gafsa ou Kairouan les universités doivent se restructurer devant le manque d’étudiants... Moins de 10 étudiants en licence et les filières de français seront supprimés.

Il y a quelques jours, une erreur, une maladresse qui sait, informa les autorités universitaires de l’imminente fermeture de la licence de français à Gafsa... Forte d’une trentaine d’étudiants, donc, théoriquement, pas concernée par la mesure à venir. Erreur, maladresse qui est en voie d’être « réparée » mais le trouble fut bien réel, ce qui tend à prouver que le sujet est épidermique. Les réseaux sociaux s’en sont fait les échos et les réunions d’urgence se sont multipliées côté médias, syndicats et lobbying en tous genres. Gafsa est réputée pour sa capacité à se mobiliser, les mouvements sociaux et syndicaux, elle connait ! Le pouvoir central aussi, alors méfiance !
Si le cas de la licence de français de Gafsa sera, inch’allah, bientôt réglé, de nombreuses licences en mathématiques, physique ou musique à Gafsa et Kairouan ont du plomb dans l’aile. Dans l’ouest et le sud du pays la maîtrise de la langue française par les bacheliers est aléatoire et de moins en moins de jeunes se risquent à entrer dans la carrière universitaire. Injustice régionale ? On s’en rapproche...

Alors, que faire ?
La mobilisation générale a été décrétée ! De nombreux observateurs sont conscients que la langue française à une double responsabilité... La réussite des uns vient grâce à elle et l’échec des autres vient... à cause d’elle. Alors stop. Pour le bien commun, la langue de Tahar Bekri, Cécile Oumhani et Yamen Manai ne doit pas être vue comme une langue de l’élite, ni comme le moteur d’une société à deux vitesses. Il faut tout tenter pour qu’elle soit un outil performant dans le monde du travail. Savoir écrire un curriculum vitae ou une lettre de motivation en français est peut-être moins prestigieux que la lecture de Proust, mais si l’élite lira Proust quoi qu’il arrive, trouver un travail ne manque pas - non plus - d’intérêt !

Le FLE à la rescousse
La langue française a changé de statut, n’en déplaise aux conservateurs aveuglés par leur propre culture et leur amour des « grands auteurs ». Alors pourquoi ne pas ouvrir des classes de Français Langue Étrangère. Oui, comme au Ghana, en Roumanie et en Ontario. Si cela pouvait couper les pattes à ce déclassement en cours. L’idée fait son chemin et déjà un Master pro FLE transformé depuis peu en Master International de recherche en FLS-FLE fait bouger les lignes à Gafsa.
Étonnant, sans doute de parler de FLE en Tunisie, mais l’éducation et la société doivent s’adapter à de nouvelles données. Darwin a prévenu le monde entier, sans adaptation, il y a disparition. Tunisie, ne nous quitte pas. Nous te devons tant.

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