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Terrorisme, cauchemar ou réalité ?

Terrorisme, cauchemar ou réalité ?

Émouvant coup de griffes !

Avant la reprise des mises en ligne "ZigZag en Tunisie", nous donnons la parole à Saida Ben Salem. Une universitaire qui a souhaité s’exprimer... avec convictions ! Euphémisme !

1er décembre 2013 - par Saida Ben Salem 
 - © Arnaud Galy
© Arnaud Galy

Il a fallu plus de cinquante ans pour qu’enfin notre pays se ressaisisse après les longues années d’occupation française et moins de deux pour qu’il se replonge dans les ténèbres d’un nouvel occupant étranger né sur notre terre. Un occupant qui a profité de la bienveillance et de l’hospitalité de notre Tunisie pour corrompre à jamais ses enfants et les pousser à s’entretuer au nom d’une guerre sainte. Nous assistons aujourd’hui, au tragique destin de notre cher pays laissé entre les mains hideuses d’un monstre affamé de sang ; et il n’y a pas pire malheur que d’assister à la mort d’une mère tuée par ses propres enfants, que de la voir prendre soin d’eux jusqu’au jour où, à ses premiers signes de faiblesses, ils l’attaquent sans pitié.

Le Mal est tout près !

Trois longues années ont passé depuis que l’unité tunisienne spirituelle à laquelle on avait assisté les premiers mois de la Révolution fut définitivement brisée. Aujourd’hui, nous baignons dans cette culture du «  Faux-Djihad » si puissante qui risque d’absorber une grande majorité de nos enfants. Ce visiteur sous-estimé à son arrivée a réussi à altérer les consciences et à influencer les esprits d’une jeunesse pauvre et frustrée. Une jeunesse à qui on a fait croire que l’accès au paradis éternel se fait par le sacrifice du moi et de l’autre jugé non-croyant. Or comment tolérer que les plus étranges aberrations, répandues au sein des sectes innommables et qui ne tiennent en rien à l’Islam, puissent exister chez nous : assassinats de personnalités politiques, fusillades meurtrières et égorgement des forces de l’ordre, et enfin attentat sur des plages touristiques ? Qu’on le veuille ou non, on est en train d’assister aujourd’hui, impuissant, au spectacle de notre propre perte et d’accepter le triomphe des parties les moins conscientes et les moins cultivées sur les parties les plus conscientes et les plus civilisées. Tout se passe devant les yeux de notre prestigieux gouvernement dit légitime et des partis de l’opposition qui oublient souvent le bien commun au profit d’une stupide avidité de puissance et d’une course aveugle au pouvoir.

Que c’est malheureux que de penser qu’après les longues années de paix et de non-violence, notre chère Tunisie rejoigne aujourd’hui son rang parmi ces pays du tiers-monde qui seraient en état d’alerte permanent. Et même si on feint de ne pas s’en apercevoir, on vit quotidiennement dans un état d’urgence. L’unique ferveur à laquelle on a assisté les premiers mois de la Révolution a disparu pour toujours. Aucune place n’est plus accordée à cette masse humaine homogène qui criait d’une seule voix : dégage. Notre pays est devenu plus que jamais méconnaissable, fragilisé par les coups meurtriers qui ont ôté la vie aux plus chers de ses enfants.

Tunisiens à vos armes ! Combattons le terrorisme !

Le destin des générations futures est aujourd’hui menacé. Le péril n’est pas imaginaire et n’est pas non plus le fruit de propagande ni de stratégie politique. Il est tout près de nous, il a même frappé à plusieurs coups à notre porte. Le mal peut prendre des proportions démesurées, et chacun sait que ce qui nous est déjà arrivé peut se reproduire demain, si nous tunisiens, nous n’abandonnons pas nos différents idéologiques pour défendre d’une seule voix l’avenir de nos enfants. Oui, nous devons retrouver cette même voix qui nous a permis autrefois de combattre le mal. Tous ensemble, Tunisiens musulmans qu’on est, on doit mener une guerre sans merci contre les teneurs de ces doctrines empoisonnées. Certes, le traumatisme est insurmontable et le peuple tunisien, mou comme un nouveau-né, est brisé jusqu’en ses profondeurs, mais il n’y a plus de temps à perdre, il faut se ressaisir immédiatement.


Attentat du mont Chaambi contre des militaires tunisiens
Ph : Tunisiefocus.com

Et pour ne pas céder à ce funeste désarroi où notre pays se voit mourir tous les jours, où la lumière de l’espoir se voit éteindre peu à peu, l’homme, le vrai celui qui se soucie de l’avenir de son pays, du lendemain de ses enfants doit sentir avant tout, la grandeur du danger et l’urgente nécessité de passer à l’action, de défendre sa patrie avant qu’elle ne succombe à la maladie qui la ronge depuis quelques mois. C’est pour cette raison qu’on doit se rendre à l’évidence que le terrorisme en Tunisie cache d’autres visages et qu’il est descendu du haut de Mont Chaambi ou sorti des vestiges de Carthage, qu’il prenne comme moyen d’exécution les égorgements barbares ou les coups de feu discrets, il traduit un vrai appétit du sang et un incontournable désordre mental.

La Tunisie voudra-t-elle se sauver, ou continuera-t-elle de glisser sur la pente de l’enfer poussée par ceux qu’elle prend encore pour ses propres enfants ? Notre pays se croit-il encore immunisé contre les idéaux religieux extrémistes ? Et enfin, dans une Tunisie minée où l’homme de loi devient la première cible, y a-t-il encore une place pour la liberté à laquelle aspiraient tous les Tunisiens de l’avant Révolution ?

Saida Ben Salem est doctorante en littérature française à Paris IV la Sorbonne.

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