Archipel au cœur du Golfe de Guinée, Sao-Tomé-et-Principe doit faire face à l’isolement et aux difficultés économiques. Il n’y a plus d’ambassade de France depuis qu’elle a été transférée à Libreville en 2015. Néanmoins, grâce à l’Alliance Française, notre culture reste vivante au sein de ce pays qui compte quelque 200 000 habitants. D’ailleurs, Sao-Tomé fait partie de la Francophonie depuis vingt-et-un an.
Si le portugais y reste la langue officielle, le français y est enseigné en tant que première langue étrangère dès la classe de cinquième. La situation géographique de l’Archipel – entouré de pays francophones tels le Cameroun, le Bénin et le Gabon – explique sans doute cet intérêt pour la langue d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor.
Preuve de son dynamisme, l’Alliance Française dispose au centre de la capitale Sao-Tomé,
d’un grand espace extérieur, d’une médiathèque modernisée et de salles de cours accueillant plus de mille inscrits par an. Les Santoméens trouvent en l’Alliance un endroit chaleureux où les conditions d’apprentissage du français et d’accès à la culture francophone se révèlent fort accessibles.
Pourquoi apprendre le français ?
Les apprenants de l’Alliance Française appartiennent à divers milieux, allant des professionnels aux enfants fréquentant les cours d’été, en passant par les lycéens et les étudiants. Tous sont motivés par un même objectif : apprendre la langue française pour élargir leur champ culturel et professionnel. Cette maîtrise linguistique permet, en effet,
l’acquisition de bourses d’études et l’accès à de meilleurs emplois, tant localement qu’internationalement. Le français reste donc un atout de taille dans le développement économique de Sao Tomé-et-Principe.
A l’instar de tous les autres établissements de l’Alliance Française, le rôle de celui de Sao-Tomé-et-Principe consiste en la diffusion de la langue française, des cultures francophones, et la promotion des cultures locales. Bien entendu, les cours de français pour tous niveaux et tous publics (enfants, adultes, professionnels, etc.) constituent sa principale activité. Au-delà, ses évènements culturels (concerts, expositions, festivals, pièces de théâtre, etc.) – ainsi que les résidences d’artistes et la réalisation de projets internationaux – visent à développer les cultures francophones et santoméenne à l’échelle locale et internationale.
Cette année, l’Alliance Française de l’Archipel a obtenu un financement du Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangères pour la mise en place du projet FSPI (Fonds de Solidarité pour les Projets innovants) visant à la formation en français et au renforcement pédagogique des professeurs de français de Sao-Tomé-et-Principe.
Moment important dans la vie de l’Alliance Française mais aussi de l’Archipel en général : la rénovation de sa médiathèque et le passage au numérique qui ménage à son public l’accès à une plus grande variété de ressources, ainsi qu’à un espace de travail et d’études mieux équipé et plus ergonomique.
Enfin, l’Alliance de Sao-Tomé-et-Principe participera au projet Africa 2020 à Paris qui mettra tout particulièrement à l’honneur la culture santoméenne et les résidences d’artistes.
Écueils et espoirs
L’isolement de l’Archipel et son faible développement font partie des principaux écueils que l’Alliance Française doit surmonter. Cette situation particulière nécessite de garder l’équilibre entre l’accessibilité des offres culturelles-pédagogiques et la viabilité financière de l’Alliance, exercice qui est tout sauf aisé. L’offre de cours et le programme culturel gratuit pour tous impliquent un travail d’organisation considérable, surtout lorsque l’on s’adresse aux franges de la population les moins favorisées.
Toutefois, l’Alliance de Sao-Tomé-et-Principe dispose d’un atout maître, à savoir une équipe motivée, débordant de ressources morales et intellectuelles. Son influence au sein de l’Archipel, due à son implication dans le pays, lui permet de tisser des liens solides et étroits avec nos nombreux partenaires.
La crise sanitaire de la COVID-19 n’a pas épargné l’Archipel et nombre de projets ont été remis en question. Ainsi, la suspension de son activité a placé l’Alliance Française dans une situation des plus délicates. Néanmoins, elle a mis à profit cette douloureuse et longue parenthèse pour mettre les bouchées doubles dans les travaux de rénovation de sa médiathèque, réfléchir à des projets de fond et profiter de son large réseau pour se former en ligne et procéder à de fructueux échanges d’expériences.
Ainsi, malgré ces épreuves et les difficultés financières qui ne manqueront pas surgir à la reprise de l’activité, toute l’équipe de l’Alliance Française de Sao-Tomé-et-Principe est convaincue que les efforts fournis durant la pandémie auront permis à ses structures de se réinventer et de redoubler d’ingéniosité.
Elle restera cette pépite de la culture française au cœur de l’Archipel.
La rédaction d’Agora francophone remercie vivement Jean-Noël Cuenod pour son aimable participation à la fabrication de ce MAG#08.