francophonie, OIF, Francophonie, Organisation Internationale de la Francophonie, langue française, diplomatie culturelle, littérature, théâtre, festival, diversité culturelle, les francophonies

MENU
LIBAN - Élections municipales : les mouvements civils à Beyrouth

LIBAN - Élections municipales : les mouvements civils à Beyrouth

12 mai 2016 - par Pascale Asmar 
 - © Page Facebook de Beirut Madinati
© Page Facebook de Beirut Madinati

La capitale pour tous, tous pour la capitale

Avec les élections municipales, premières élections depuis l’autoprorogation du Parlement libanais de son mandat et le vide présidentiel, les Libanais vivent un premier tournant dans la vie politique nationale. La capitale est la première à se lancer dans cette rude bataille ponctuée de diverses infractions, mais prometteuse d’un changement véritable.

Depuis l’annonce de l’organisation des municipales après une période de stagnation, face aux forces politiques « traditionnelles » représentées par les partis a émergé une force civile représentée par deux listes : Beirut Madinati (Beyrouth ma ville) et Citoyens et Citoyennes dans un État. Si la première est composée de 24 candidats, répartis entre 12 femmes et 12 hommes, la deuxième liste ne compte que 4 noms et est présidée par l’ancien ministre et économiste Charbel Nahas qui dénonce la corruption en vigueur dans le pays et entend rétablir un État de droit pour toutes et tous.

BEIRUT MADINATI
Ce qui est particulier avec Beirut Madinati est le renouveau que la liste propose au niveau de la pratique électorale : un vrai programme, des candidats choisis en fonction du mérite et non de l’affiliation familiale, politique et confessionnelle comme c’est toujours de coutume au Liban, et surtout une volonté de briser le cercle vicieux de la corruption et de changer la donne afin de rendre à Beyrouth ce qu’on lui doit en termes de développement à tous les niveaux. Avec l’appui de 70 chercheurs, architectes, consultants et ingénieurs, et durant des mois de travail, un programme est sorti. Il repose sur 10 points essentiels relatifs au transport commun, à l’environnement et au recyclage, à l’habitat et aux loyers, à la gouvernance, au développement équilibré, au patrimoine en danger… Bref un projet ambitieux qui puise ses racines dans les déficiences actuelles de la capitale et œuvre avec détermination à la rendre une ville où l’on peut vivre, bouger et respirer.

Outre son programme et ses figures de proue connues pour leurs réalisations personnelles et professionnelles – nous citerons à titre d’exemple la réalisatrice Nadine Labaki, l’activiste Yorgui Teyrouz ou encore l’architecte Mona HallakBeirut Madinati a introduit des espaces de dialogue et d’échange : en ouvrant la campagne municipale aux Beyrouthins en particulier et aux Libanais en général, les candidats ont voulu être à l’écoute des habitants. Les échanges dans les jardins publics ou autour d’un petit-déjeuner convivial à Hamra ont permis aux candidats de côtoyer les gens, de mesurer leurs craintes, leur désespoir ou encore de repérer leurs ambitions et leurs rêves. Du jamais vu au Liban où la tradition veut que l’on élise, le plus souvent à l’aveuglette, les représentants du peuple.

Appuyée par de jeunes volontaires venus des quatre coins du Liban, la liste a pu obtenir 40% des votes au total (avec 70% des votes de la 1ere circonscription).

CITOYENS ET CITOYENNES DANS UN ÉTAT (CCDE)
Certains objectifs de Beirut Madinati trouvent leurs échos dans le programme du mouvement « Citoyens et citoyennes dans un État » qui prend surtout en charge la dénonciation de la corruption au pouvoir et de restaurer les institutions de l’État. Les élections municipales en sont l’occasion. Dans un bus, 44 candidats ont circulé dans les diverses régions du Liban pour rencontrer les citoyens et les sensibiliser aux divers problèmes et questions liés à leur vie au Liban.
Ce qui caractérise ce mouvement est son réalisme doublé d’ambitions. Après une évaluation scientifique chiffrée de la réalité des municipalités, le programme s’est articulé autour de quatre points essentiels : les institutions, l’économie, les services et l’environnement. Le premier point s’organise autour des habitants, du rôle, des responsabilités et des revenus de la municipalité. Le deuxième est relatif aux besoins des citoyens en termes d’habitat, de travail et de vie quotidienne. Le troisième point est centré sur les droits des citoyens en électricité, eau, scolarisation gratuite, sécurité sociale… Enfin, le quatrième point aborde les problèmes écologiques et culturels. Dans ce sens, le programme de ce mouvement se trouve élargi, dépassant les frontières de la municipalité. En effet, CCDE entend redynamiser non seulement la structure municipale et la ville, mais également le pays pour rétablir un État de droit où tous les citoyens se trouvent règlementés par la loi et traités d’égaux, abstraction faite de leur appartenance religieuse, politique, régionale, etc.
Bien que vivement salué dans le sens où il reflète les aspirations des Libanais, le programme ambitieux est resté dans l’ombre des autres listes en raison de sa faible médiatisation. La liste qui s’est présentée dans la capitale n’a pu retenir que près de 20 % des votes des Beyrouthins.

Face à la coalition des partis politiques au pouvoir, et en dépit d’une centaine d’infractions inadmissibles commises à l’encontre des mouvements civils, l’après 8 mai est prometteur d’un mouvement populaire dynamique en mesure d’introduire le changement espéré. Un souffle de changement enveloppe Beyrouth et le Liban.

Partagez cette page sur votre réseau :