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Les échos du festival le disaient pétrifié par l’enjeu. Arrivé l’avant-veille de son concert au Cinéma Renaissance de Rabat. Tremblotant ? Pas jusque-là. Le jeune homme est déjà bien rodé aux confrontations avec les publics et les jurys. Lui qui est monté sur la plus haute marche des Jeux de la Francophonie le 4 août dernier à Kinshasa sait qu’ici, à Visa for Music, il joue « gros ». Il vient jouer dans la cour des grands. Celle du marché de la musique. Le festival marocain s’est imposé en une décennie comme un lieu incontournable pour les musiciens émergents. Nda Chi émerge. Rabat est sa première vraie rencontre avec le monde professionnel international. Forcément flippant.
Mais le jeune Camerounais porte en lui la force de son éducation traditionnelle, il est accompagné par tout ce qu’il a appris, transmis par ses paires, ses ancêtres et des esprits bien peu abordables aux non-initiés. Une force qui stabilise le jeune artiste, mais qui, fort heureusement ne gomme pas son hypersensibilité et sa créativité nourrie de moult influences : le chant, bien entendu, mais aussi la danse, la mode et la photographie. Quand on pense que le jeune homme commença des études de sciences politiques... Quel gâchis c’eut été ! Si elle n’a pas fait de lui un expert d’une grande institution, l’université lui a permis de jouer dans une troupe qui lui laisse un souvenir amusé autant que reconnaissant : « Je me souviens de nos prestations, de nos rires, de nos folies, de nos chutes sur scène, nos querelles, nos prestations sans salaire ou bien pas cher payées. Même si cela nous énervait au début, on a pris cela comme un sacerdoce. Grâce à ce que j’ai appris dans cette troupe, j’ai pu travailler avec de grands noms de la danse au Cameroun à l’instar d’Ayissi Leduc, lequel m’a d’ailleurs nommé chorégraphe de sa compagnie Otitié. J’ai été pris au ballet régional de l’ouest où je suis danseur et chorégraphe de circonstances. D’ailleurs, nous y sommes presque tous ; cette troupe a beaucoup fait pour nous. » (www.africavivre.com)
Ce soir-là, Nda Chi, s’est présenté en majesté devant le public marocain et de professionnels du monde entier. Ses musiciens sont grands, il fait une (ou deux) tête de plus qu’eux. Athlète. Gravure de mode. En fusion. Terminé, l’appréhension. À Nda Chi correspond la célèbre citation attribuée à Sarah Bernhardt ou Sacha Guity, à moins que ce ne soit Louis Jouvet... « Le tract vient avec le talent », rétorquée à une jeune comédienne très fière de ne pas avoir le trac. Lui, avait le trac... C’est ça le talent, avoir conscience de son rôle, de sa mission, et de ses responsabilités. « Je défends principalement les musiques ethniques. Je rêve de les voir atteindre un jour des sommets comme la pop. J’ai donc décidé d’ouvrir les musiques ethniques à des techniques et éléments culturels d’autres genres musicaux. Vocalement, je me suis ouvert à d’autres styles que celui du chant folklore. Instrumentalement, je fusionne également les rythmes traditionnels avec d’autres genres musicaux. Ce qui fera que ceux qui écoutent du jazz, blues, folk, pop, rock, soul ou même d’autres rythmes et sonorités africaines s’y retrouveront. » (www.africavivre.com)
Sur scène, l’artiste prend le spectateur à bras-le-corps. Il harangue. Embarque le public dans son monde sophistiqué, en français ou en langue vernaculaire, ethnique et si personnel. Danseur et chanteur ? Ou l’inverse. Qu’importe. Devra-t-il faire des choix pour mieux se faufiler dans les codes de la musique à succès ? Celles des « streaming », des radios et des festivals. Non, surtout pas. Par pitié. Continuez, cher Nda Chi à bouleverser les disciplines, à écouter et vous inspirer de Nina Simon autant que des voix de l’au-delà, à vous laisser posséder par vos intuitions mystiques. Sans doute, quelques-uns vous conseilleront ils d’entrer dans une case, d’en cocher d’autres... À vous de voir, alors. Mais attention, les esprits qui vous animent risquent de vous bouder. Ce serait un second gâchis... résistez au miroir aux alouettes ! Vous le savez bien...
Grâce à votre victoire aux Jeux de la Francophonie, l’Organisation Internationale de la Francophonie vous prend sous son aile, vous guidant dans les zigzag piégeux de la profession, vous introduisant auprès des personnes clef, profitez, profitez... cher Nda Chi. Les bonnes étoiles et les esprits bienveillants vous portent...