L’université française a un problème avec le « contemporain » : sans l’exclure de ses programmes elle continue à s’en méfier. Et, pour être franc, il faut reconnaître qu’il n’est pas simple de travailler des productions dont on ignore si elles feront œuvre, les enseignants-chercheurs que nous sommes étant partie prenante via leur institution du processus de légitimation, de célébration et de conservation des textes.
Cependant, je crois, peut-être benoîtement, qu’il convient d’explorer des voies nouvelles. C’est le sens des efforts qui ont été consentis, au sein du département de français de la faculté des lettres et des sciences humaines de Limoges (France), pour créer un nouveau master « recherche » intitulé « La Fabrique de la littérature » (FABLI), lequel a été ouvert en septembre dernier et compte à ce jour 24 participants (ce qui, à l’échelle de notre établissement, témoigne d’un succès remarquable).
Il s’agit de dispenser un enseignement de haut niveau en le fondant certes sur l’histoire des littératures en français mais en mettant surtout l’accent sur les pratiques d’écriture, ce qui implique l’existence de quatre Ateliers d’écriture (organisés en groupes de dix à douze personnes) et la possibilité pour les étudiants en vue de l’obtention du diplôme de présenter soit un mémoire de recherche critique, soit une œuvre de création (en l’occurrence une longue nouvelle d’une cinquantaine de pages) soit les deux.
La visée est d’inciter les élèves à y apprendre, à bien des égards par eux-mêmes, au miroir de leurs écrits et d’un propos organisé en fonction et en réaction à leurs productions, de manière à réfléchir obliquement leurs interrogations.
Mais écrire, même de manière talentueuse, sans chercher à faire lire sa production est un peu vain. Cette relation-confrontation avec les lecteurs est indispensable. Je me réjouis par conséquent que, grâce au partenariat noué entre FABLI et l’Agora francophone internationale, soit ouverte sur le site de la revue une « page », celle des Carnets Vanteaux (du nom du campus de la FLSH), où régulièrement seront mis en ligne des textes écrits par les étudiants suivant ce parcours. Et je remercie par avance les nombreux lecteurs de l’Agora francophone internationale de bien vouloir consacrer un peu de leur temps pour découvrir au fil des semaines le travail et la progression des étudiants de FABLI.