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Carnets Vanteaux - L’enfant de l’exil par Violette

Carnets Vanteaux - L’enfant de l’exil par Violette

7 février 2024 - par Violette 
 - © Joseph Koudelka
© Joseph Koudelka

Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova Makarius

Consigne : écrire une microfiction en s’inspirant de l’œuvre de Joseph Koudelka et en particulier de son ouvrage Fabrique d’exils.

À l’orée d’un monde étranger, l’enfant exilé posa son pied frêle sur un sol qui n’avait pas le goût de la terre natale. L’excitation de la découverte était étouffée par la peur de l’inconnu, une dualité qui pesait sur les épaules du jeune garçon. Les yeux empreints de méfiance scrutaient chaque recoin de ce nouveau monde.
Des ombres s’étiraient devant lui, des bâtiments imposants comme des géants silencieux.
Les ruelles labyrinthiques murmuraient des secrets saturniens, chaque coin cachait un mystère. Des regards étrangers défilaient autour de lui, comme des acteurs anonymes dans un drame urbain. La solitude, telle une brume froide, s’était insinuée dans les interstices de ses pensées.
Pourtant, une étincelle d’espoir brillait dans le cœur de l’enfant. Les lumières des étals chatoyants lui parlaient de promesses à venir. Les langues étrangères, douces mélopées d’un autre monde, semblaient murmurées par les étoiles au-dessus de lui. Tout était un tableau encore vierge, une toile prête à être peinte par ses propres mains.
Les jours devenaient des énigmes, les nuits des chapitres à déchiffrer. L’enfant exilé se parlait à lui-même, des dialogues silencieux dans les méandres de sa pensée. Aujourd’hui est le premier pas vers un demain qui m’appartient, se chuchotait-il comme un mantra contre la peur.
Les mois se succédaient, égrenant les pétales du temps. Il apprenait à naviguer dans cette mer houleuse d’une vie encore inexplorée. Des rencontres fugaces devenaient des étoiles dans son ciel nocturne, mais la solitude persistait comme une mélodie triste, un rappel constant de ce qu’il avait laissé derrière lui.

Au détour d’une rue, il avait aperçu une vieille horloge, les aiguilles tournaient inexorablement vers un futur incertain. Le temps est mon allié mais aussi mon ennemi, murmura-t-il à lui-même, observant les aiguilles comme des prophètes silencieux.
Chaque matin était une page blanche où le jeune anonyme écrivait sa propre destinée. La peur et l’excitation dansaient un tango implacable, et dans les silences de la nuit, il rêvait d’un nouveau monde à façonner, une nouvelle vie à construire, c’était là son dessein à lui, l’enfant de l’exil.

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