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Carnets Vanteaux - La chance de survivre par Nahèle Cotta

Carnets Vanteaux - La chance de survivre par Nahèle Cotta

12 mars 2024 - par Nahele Cotta 
 - © Pixabay - Myriams foto
© Pixabay - Myriams foto

Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova Makarius

Consigne : écrire une microfiction en utilisant la phrase J’ai de la chance.

Tous les matins c’est la même rengaine, comme une musique qui résonne dans nos têtes. Réveil 6h30, une tranche de pain sec en guise de petit-déjeuner, un café froid. On enfile difficilement nos vêtements puis nos chaussures qui semblent être aussi lourdes que le poids de cette vie, cette vie que nous avons pourtant choisie. On se retrouve tous sur la grande place à 7h00. Un soupçon de joie s’empare de moi chaque matin quand j’aperçois le visage de mes compagnons parce que je me dis qu’on est tous vivants.
On monte dans la camionnette. Aujourd’hui, le commandant nous a donné pour ordre de ravitailler le deuxième campement qui se trouve un peu plus loin vers le Sud de l’Afghanistan. Je suis assis à côté de Marcel, on partage le même dortoir, je l’aime bien. L’état de la route est désastreux, on fait tous de petits bonds à chaque fois que les roues de la camionnette se frottent de trop près au sol rocailleux.
On prend à droite et un grondement assourdissant vient ébranler mon âme. Je perds connaissance quelques instants et lorsque mes paupières se réouvrent, j’observe la poussière retomber, révélant le chaos autour de moi. Je cherche Marcel et les autres des yeux, mon cœur battant au rythme de l’incertitude, de vagues images de l’explosion m’apparaissent. Je reconnais grâce à sa bague, à côté de mon bras, le doigt de Marcel. Les autres morceaux sont non identifiables.
Je réalise que par miracle, je suis encore en vie. Ce sont des jours comme ceux-là qui me rappellent que parfois en guerre, la chance est simplement synonyme de survie. Alors, aujourd’hui, j’en ai de la chance !
Je connaissais les risques, j’ai décidé d’être soldat.

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