Consigne : Écrire une page en appliquant les phrases suivantes « J’adorais la façon dont elle a dit « ballon », elle disait cela comme si elle gonflait des bulles. » et « Elle l’attendait dans le café de l’aéroport. Il était sobre pour une fois. », plus le terme « la faucheuse », plus la sensation du dégoût.
La faucheuse
Et si elle s’était étouffée dans son angoisse ? Et si son chagrin l’avait plongée dans le silence à jamais ?
Il fut un temps où elle parlait. Elle parlait beaucoup, j’adorais la façon dont elle disait le mot « ballon » ; elle disait cela comme si elle gonflait des bulles. Elle prononçait chaque mot avec passion, chacune de ses syllabes se noyait au fond de sa gorge avant de jaillir au bord de ses lèvres.
Elle transpirait ses phonèmes et ses sentiments les plus profonds, les plus lourds, venaient parfumer ses consonnes de fragrances amoureuses. Elle ne parle plus désormais. Elle régurgite ses silences et ses soupirs fatigués. Son silence, son souffle vide et affaibli, sa paresse qui pourtant veulent dire beaucoup. Ses silences sont amers, ils sentent le renfermé.
Elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui. Parfois, elle rêvait, elle faisait toujours ce même rêve qui lui paraissait pourtant réel ; ce rêve où il était encore là. Ce rêve qui lui faisait revivre ses derniers instants avec lui. Elle le cherchait dans les rues, interpellait les passants puis se rendait dans les gares, les aéroports, les restaurants de la ville. Lui qui voulait la fuir, s’accordait quelques instants de réflexion dans le café de l’aéroport, il était sobre pour une fois. Elle le suppliait de rentrer ou bien simplement d’attendre le vol suivant, elle le suppliait de revenir. Puis, plus rien. Plus un bruit. Simplement l’image de la faucheuse qui semblait lui sourire.