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Carnets Vanteaux - Terra Incognita

Carnets Vanteaux - Terra Incognita

19 octobre 2020 - par Juliette Botreau 
La Parole (1938) - Victor Brauner
La Parole (1938)
Victor Brauner

Consigne :
Regarder le tableau "La Parole" de Victor Brauner.
(le tableau est de 1938 - il est conservé au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg).
Écrire UNE page en "interrogeant" le tableau et en essayant d’en dégager un savoir.


Ballottée par le ressac comme un navire à la dérive elle tente de sauver ses bagages.

Haut-bas, haut-bas, haut-bas ; bas-haut. Attention fragile.

Sa réalité s’étiole et s’effrite. Sur ses joues perlent des larmes de feu qui lentement glissent et frappent l’alter meurtrie. Dans sa poitrine résonne l’écho de ses passions ; jusque dans ses os. Son corps désarticulé se tord sur le sol. Elle trépigne, tremble. Elle suffoque et se tend à la recherche de son souffle perdu.

Leurs regards se croisent. Dans la sueur les larmes et le sang. Les décombres du passé leurs entaillent la chair.

Coupable. Ses entrailles explosent pour laisser s’envoler les bêtes qui y vivaient.
Dans ses yeux on y lit la peur. On y voit rage et tristesse. Trop grande. Trop lourde. Elles fondent sous l’ardeur de son astre. Un grain de défi. Dans ses rouages bien huilés. S’accrochant à son aile, prend de la hauteur.

C’est beau et c’est terrifiant à la fois. Pas un mot encore. Dans un dernier sursaut de vie elle gravit la montagne, chassant le blé qui lui barre le visage. Au-dessus d’elle se dévoile un croissant de lune aveuglant. Elle rit face à la fatalité et tente de retenir son souffle qui s’en va. Elle entre sous le couvert végétal. Avec la mort qui vient, sa conscience se délite. Elle tente de se retenir et pénètre en elle. Sa psyché défaillante n’est plus que forme et couleur. Des formes, et des couleurs qui s’impriment sur sa rétine. Ses pensées s’accrochent et se décrochent. S’accrochent et se décrochent. La torpeur s’empare d’elle. Elle n’est plus qu’un corps. Elle n’est plus son corps. Elle se quitte et s’observe du dessus. Elle abandonne et file droite vers les étoiles. Elle sait qu’elle ne sait plus rien. Vaincues, elles se regardent encore. Sous l’assaut final tombe la barricade. Ses lèvres s’ouvrent et laissent s’échapper la parole qui vient tout détruire. Trois mots. Sept lettres. Alors plus rien n’existe ; Qu’elles.

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