KPG tient la quintessence de ses créations de contes de la caste des forgerons, où il a été initié aux rites et coutumes dès son bas âge. Dans sa démarche, l’essence de toute chose c’est la pensée, puis vient la parole avant l’existence matérielle. Pour lui donc, comme le fer pour en faire des outils, il faut forger l’esprit avant toute expression orale. Il mûrit ses créations sur la base d’une recherche profonde dans ses racines avant de les exposer. Car « le conte c’est la parole. La parole ne meurt pas, elle passe, elle vit, elle rencontre et se heurte à d’autres expressions » ; c’est ainsi que cette parole pourra se polir, explique-t-il.
Mais être conteur ce n’est pas simplement raconter des histoires, c’est également être engagé socialement et politiquement. « On s’investit dans une discipline pour pouvoir apporter des solutions ou donner son point de vue pour permettre à d’autres personnes de pouvoir éclairer leurs questionnements ». Et KPG le fait si bien à travers ses œuvres qui répondent à des interrogations politiques et sociales. Sa création Kossyam est une fable contemporaine créée « pour fixer l’histoire » après l’insurrection populaire d’octobre 2014 au Burkina Faso. Ragaandé ou Supiim, qu’il a présentés aux Franco 2020 à Limoges, sont autant d’allégories qui partagent des moments de réflexion et qui ambitionnent transmettre des faits contemporains aux générations futures.
L’Atelier de la forge
KPG construit toutes ses créations autour d’un concept appelé « Atelier de la Forge ». À l’image d’un laboratoire de la pensée, il revisite tout le temps son univers créatif dans cet espace virtuel, en projet de construction. « En tant que conteur, j’essaie de réadapter les contes au goût du jour. Il faudra que le conteur puisse se réinventer et je suis en perpétuelle réinvention ».
Pour le conteur il faut s’adapter à l’infini mouvement du monde, tout comme dans une forge où tout est mouvement, en transformation. Il faut savoir modeler, retransformer, revisiter le conte pour qu’il vive. « En tant que conteur, j’écoute les bruissements et les malaises du monde » afin de les prendre en compte et les réadapter. Entre tradition et modernité, avec l’influence des technologies, le conte a besoin d’être raconté d’une manière ou d’une autre. Pour KPG il faut trouver « comment prendre toutes les crises comme des opportunités » pour permettre au conte de se réadapter et de pouvoir exister.
L’atelier de la forge propose des contes en écrit et sur différents supports numériques pour tout transcender et aller à la rencontre du monde.
© Jérôme William Bationo