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L’Alphabet des anges de Xochitl Borel

L’Alphabet des anges de Xochitl Borel

Par Loriane Pedurant-Drillot
7 juillet 2017 - par Loriane Pédurant Drillot 
 - © www.lettresfrontière.net
© www.lettresfrontière.net

Dans L’Alphabet des anges de Xochitl Borel, le rouge aux lèvres et aux ongles annonce le sang qui coulera des aiguilles de la faiseuse d’anges, mais ces dernières rappellent aussi les aiguilles à tricoter d’une grand-mère attentionnée, qui chantait comment tisser le bonheur. Le blanc des draps qui sèchent, souvenir lumineux de l’enfance, nous emmène vers celui des murs de l’hôpital et l’évocation de la maladie d’un père, qui fait perdre l’insouciance d’une enfant. Aneth, dont la mère Soledad, la narratrice, tient à l’orthographe de son prénom (« A-n-e-t-h et pas Anette »), naît « borgne » et « bâtarde ». Comme la graine, qui est devenue plante, alors que sa mère a hésité à la jeter, Aneth s’est accrochée et a fini par pousser. Aneth n’est pas comme tout le monde. Elle parle « l’éléphant » quand elle joue de la trompette, elle mord les gens qui lui donnent l’impression d’être morte, elle suit les bottines qu’elle affectionne particulièrement, elle communique avec son père inconnu, quand il lui rend visite en rêve comme chez Garcia Márquez, elle renomme le monde par analogie avec les couleurs comme Rimbaud. Condamnée à devenir aveugle, elle transcende le réel avec son imaginaire, avec sa logique bien à elle, où il est impossible de soustraire, où l’on joue avec les mots, avec leurs sens, leurs images, leurs goûts, leurs sonorités, leurs couleurs. Xochitl Borel nous décrit la vie, ses hauts et ses bas, ses petits bonheurs, ses grands malheurs, à travers un langage poétique où une enfant qui regarde sa mère rougir s’exclame : « Comme c’est beau ! » et cueille le bouquet de fleurs rouges pour le lui offrir.

À trente ans, Xochitl Borel écrit son premier roman et remporte le roman des Romands ainsi que le prix Lettres frontière. Elle est née au Nicaragua où elle a passé son enfance. Ses parents, rentrés en Suisse, l’emmènent faire un tour du monde. Elle garde un goût pour le voyage, a fait des études de sciences politiques et a ouvert un café musical à Montreux, avant de travailler aux Éditions de L’Aïre. Ses expériences et son ouverture sur le monde ne sont sans doute pas étrangères à la façon dont elle appréhende le réel dans son œuvre, donnant naissance à une prose poétique et un univers singulier.

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