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Zoé, et si elle sauvait le monde ?

Zoé, et si elle sauvait le monde ?

24 septembre 2023 - par Arnaud Galy 
 - © Christophe Péan
© Christophe Péan

À votre droite, messieurs dames, Zoé, 18 ans, raide de certitudes. Elle veut aller à la fac même si elle doit porter plainte pour contourner la fermeture des universités pour cause de grève des étudiants. Elle oblige ainsi l’université à assurer des cours, juste pour elle !
À votre gauche, un professeur de philosophie, renfrogné, comprenons-le, il doit faire cours à Zoé sur décision de justice. Il est scié par la démarche de la jeune femme et invente un cours sur mesure.

Le metteur en scène de Zoé n’est autre qu’Hassane Kassi Kouyaté, le directeur du festival, le texte est écrit par le dramaturge québécois Olivier Choinière. Hassane, pourquoi monter la pièce sous forme de dialogue ? Quand je lis un texte, je me demande ce qu’il m’envoie – il accompagne la parole d’un geste pénétrant son cœur – ensuite, je m’intéresse à la forme. Ce texte m’a troublé.

Une pièce où deux générations s’opposent. Le professeur de philosophie joue au professeur de philosophie, il essaie d’argumenter, usant de moult allégories, pas de côté à l’appui. La jeune femme, agacée voire énervée, lui répond du tac au tac. Elle déstabilise l’enseignant, parfois c’est elle qui prend un uppercut. Dans le combat de boxe poli et policé qu’ils se livrent, les points de vue divergent, mais ils ne sont finalement pas si opposés qu’on pourrait le penser. Finalement, le professeur n’est-il pas impressionné par cette jeune femme qui met l’étude avant la revendication. Revendication qu’elle trouve légitime sans pour autant donner du crédit à la réponse estudiantine. Contre les inégalités qui dominent le monde et fracturent les sociétés, Zoé s’imagine médecin au service de ses patients. Une mission qu’elle s’est fixée, plus vite elle sera ce médecin empathique, plus vite elle s’engagera à régler les inégalités. La vision qu’elle a de sa place dans le monde, qu’on pourrait qualifier d’humaniste, la conduit à ne pas accompagner le mouvement social extérieur. Même objectif, deux routes différentes. Comme un mot qui à deux sens.

Le dialogue entre ses deux êtres qui s’opposent en s’écoutant valorisent l’idée de choyer le rôle du débat dans une société ou «  on ne parle pas ». Ensuite, pour répondre aux questions urgentes, plusieurs options sont possibles : étudier, agir ou faire de l’art ? Hassane Kassi Kouyaté a trouvé sa voie, l’art. J’aurais pu créer un parti politique, j’ai préféré faire du théâtre. L’artiste met les problèmes sur la place publique, il aide la société à évoluer. Sony Labou Tansi disait quelque chose comme... « je ne suis pas un artiste engagé, je suis un artiste engageant ». Je ne réponds pas à des questions, je pose des faits...

Quant à savoir si le professeur tire des leçons de cet échange ? Oui, trois fois oui... La dernière scène est inattendue. Troublante comme dirait Hassane Kassi Kouyaté. 


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