Journaliste culturel ? Trouver sa place en Afrique subsaharienne...
Une vingtaine de journalistes ayant eu l’outrecuidance de choisir le domaine culturel pour exercer leur métier sont réunis à St-Louis du Sénégal pour un atelier confraternel et technique sur le sujet. À la demande de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Martin Faye (journaliste sénégalais) et moi-même animons ces 10 jours d’échanges aussi revigorants qu’indispensables.
Qu’ils viennent du Sénégal, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de Guinée ou du Togo (pensées pour deux consœurs mauritanienne et sénégalaise absentes), tous sont confrontés aux mêmes maux. La culture est réduite à la portion congrue dans chacun de leur média. Loin d’être abattus, conscients de la place de choix qui devrait être réservée aux arts et aux sujets de société ils ne désarment pas. Chapeau bas !
Des invités sont venus enrichir nos échanges : Élie Charles Moreau, poète et directeur général de la maison d’édition Le Nègre International ; Louis Camara, enseignant et écrivain saint-louisien ; Assane Dieng, responsable de la communication à l’Institut français de Saint-Louis. Tous, à leur manière et fidèles à leurs convictions, ont apporté un regard décalé, posé des questions qui secouent les neurones, exprimé « leur vérité » sur l’éternel débat entre information et communication. Qu’il est judicieux et profitable de se mettre quelques instants dans la peau et les préoccupations de l’Autre.
Aujourd’hui, nous quittons l’aspect formel de l’atelier. L’éthique, les formats journalistiques, la technique photo et le rapport à cultiver entre les arts et les journalistes laissent place au terrain. Tout le monde dehors ! Saint-Louis est un exceptionnel terrain de jeu. Son histoire, coloniale ou non ; la vitalité de sa vie culturelle et la délicate gentillesse de ses habitants constituent un vivier inépuisable de sujets journalistiques à traiter. À quoi, nous avons ajouté la résidence d’auteurs 10 sur 10 qui se tient à quelques kilomètres de Saint-Louis. Chacun des participants a tiré au sort le sien. À eux de jouer - pardon de travailler - avec les mots, les sons et les images.
Agora francophone aura le plaisir et l’honneur de mettre en ligne le travail réalisé. Tout au long du mois de décembre, nous alimenterons une rubrique dédiée à cette expérience. Pour que la culture soit à la Une des médias subsahariens, ces journalistes ont besoin du soutien de tous, besoin que les rédactions en chef accordent une place grandissante à la culture, que les confrères de tous les pays les encouragent. L’amélioration de la qualité et de la pertinence des sujets et le respect des grandes valeurs du journalisme sont une base solide pour faire démarrer ce mouvement ascendant salvateur, mais, surtout, collectivement, nous devons mener une révolte intellectuelle pour que la culture et donc l’éducation, les droits humains et les soubresauts de la société soient au cœur des médias, en Une ! En Afrique subsaharienne comme ailleurs !
Arnaud Galy - Saint-Louis, le 10 décembre 2019