Les Zébrures d’automne sont lancées. Même la météo automnale est au rendez-vous ! Fort heureusement, le nouveau patron du festival, Hassane Kassi Kouyaté et son équipe ont programmé de l’énergie solaire en ouverture. BIM : Bénin International Musical. Chacun ses goûts, mais il me semble que BIM claque mieux que le nom complet ! Non ?
Ce qui est bien avec les Zébrures c’est qu’en plus de transformer Limoges en capitale de la francophonie culturelle pendant une dizaine de jours, elles permettent à chacun de réviser sa géographie. Bénin ? Oui, ce pays tout en longueur, coincé entre le tout aussi longiligne et francophone Togo et le massif peuplé et anglophone Nigéria. Porto-Novo, Cotonou et Abomey se partagent la place de capitale selon que le prisme soit politique, économique ou historique. Enfin, pour compléter le quiz, rappelons que le Bénin est présidé par un homme d’affaires qui a su grâce à des épaules musclées éliminer ses adversaires, j’ai nommé Patrice Talon.
Mais revenons à nos zébrures *. BIM répète ou plutôt BIM « fait les balances », quelques heures avant que le public arrive. Moment privilégié que sont les balances : où le groupe apprivoise la scène d’un soir tout en exorcisant les doutes et les peurs en usant de la clownerie et des mimiques. C’est un moment intime que seules quelques petites souris privilégiées ont la chance d’observer. Le bruit des gouttes de pluie ne couvre ni les percussions ni le chant puissant des trois voix qui implorent le soleil. Échec quant à la météo. Côté plaisir d’écoute, là, nickel. BIM nous invite à remonter le temps grâce aux musiques nées sur les terres béninoises des siècles auparavant. Ces musiques venues des tripes qui donnèrent le blues, le gospel puis évoluèrent vers le reggae ou le funk. Tous sont partis du Bénin et des rythmes vaudous, BIM s’en souvient, BIM les réinvente et les joue en les respectant tels des classiques. Classiques musicaux engendrés par la sueur et la foi des esclaves déracinés, débarqués sans vergogne dans les Caraïbes ou en Louisiane.
* En francophonie, l’expression « revenir à ses moutons » se dit « revenir à ses zébrures »