Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova MakariusConsigne : écrire une microfiction qui se termine par Juste un jour parfait.
Avant d’aller au lit, c’était toujours le même rituel. Un peu de dentifrice, un rinçage express du visage et un coup de martinet. Papa descendait, buvait un quart de la bouteille de whisky et s’endormait sur la chaise. Maman hurlait pour le réveiller et le défendait de nous frapper. Nous avions pris l’habitude de cacher nos bleus et de veiller à ce que la maîtresse ne les aperçoive jamais. Un jour, à l’âge de 14 ans, j’ai décidé de me rebeller. Mon père m’a ouvert la tête sur le rebord de la table. Il disait que ce n’était qu’une égratignure. Lorsque je suis rentré de l’hôpital, j’ai attendu le soir pour mettre une dizaine de médicaments différents dans sa bouteille. Ce n’était que son traitement complet après tout. Il a convulsé et ses yeux ne se sont jamais réouverts après ce jour. Il a été diagnostiqué drogué et alcoolique. Si maman s’était plainte de son mari violent, elle aurait sûrement été accusée mais nous avions tous écouté papa, nous n’avions jamais rien dit. Maman a récupéré tout l’héritage, et plus personne ne nous frappait. C’était juste un jour parfait.