Le Maroc connaît depuis deux décennies une croissance et un développement économique qui l’a propulsé vers une mutation numérique. Cette transformation a déclenché une révolution technologique qui oblige le pays à s’adapter et à revoir ses systèmes afin d’inclure les différentes communautés et ainsi répondre aux multiples défis et contraintes imposés.
L’inclusion numérique et sociale est de plus en plus évoquée dans le cadre de cette nouvelle révolution technologique. Néanmoins, cette révolution a montré les limites du modèle économique et social du monde et notamment, ici, au Maroc.
L’idée de l’innovation inclusive renvoie à l’inclusion des souches de la population qui sont sous-représentées, c’est le cas notamment, des femmes, des minorités et des personnes souffrant de handicaps. Le concept de l’innovation sociale inclusive concerne le développement des produits et services d’innovation qui profitent aux divers membres de la société en les intégrant dans le processus même d’innovation.
Il est important de concevoir des politiques nationales et internationales d’innovation inclusive dans la perspective de relever les problématiques et les obstacles qui viennent freiner la participation des groupes sociaux, secteurs et régions sous-représentés aux activités pionnières et novatrices. La transition vers le monde numérique nous a apporté de nombreuses opportunités. Toutefois, tout le monde n’a pas accès à ces possibilités sur un pied d’égalité. La notion d’exclusion sociale découle naturellement de ce contexte économique et social. De nombreuses personnes n’ont pas encore accès au monde numérique. L’inclusion numérique est un effort qui vise à faire en sorte que chaque membre de la société puisse contribuer au monde numérique tout en tirant profit. L’enjeu de la transformation numérique n’est pas uniquement technologique, mais aussi culturel et social. Effectivement, même avec plus d’un milliard d’abonnés sur Facebook, et avec autant de téléphones portables que d’êtres humains, les outils numériques ne cessent d’évoluer. C’est le cas des « digital native » qui ont grandi avec le numérique et ont apprivoisé les outils disponibles avec une facilité ahurissante ; mais ce n’est pas le cas pour toute la population. Cette fracture numérique territoriale, économique et sociale est liée à l’âge, à la situation familiale et aux niveaux de revenus et d’autres facteurs.
Interview : le Secrétaire général du Conseil National des Droits de l’Homme, Mounir Bensalah
Comment utiliser la numérisation pour le bien-être de la communauté ? Et quel est le rôle des jeunes dans la numérisation de l’entrepreneuriat et l’impact de l’inclusion sociale ?Ces nombreux outils innovants et nouveaux vont permettre aux jeunes de faire beaucoup de choses, notamment en terme d’inclusion sociale, soit en facilitant l’accès à l’emploi, la santé, mais encore l’accès à un certain nombre de droits, mais en même temps elle englobe un certain nombre de facteurs d’exclusion qu’il faut prendre en compte. L’innovation numérique est souvent perçue comme un facteur d’exclusion des minorités, des personnes âgées et des populations les moins aisées. Toute la question de la protection sociale, de la retraite, de nouvelles perspectives en cette faveur et de nouvelles questions vont continuer à être posées avec l’avènement des nouvelles technologies. C’est le cas notamment des nouveaux modes de travail : freelance, changement des opportunités du marché de l’offre et de la demande…. Il est primordial de savoir comment accompagner cette transformation avec un système d’outils et des lois qui ont pour but de préparer et d’aider les prochaines générations à mieux s’adapter. L’adaptation est le mot d’ordre de cette discussion.Comment voyez-vous l’impact de la crise sanitaire sur l’évolution des nouvelles technologies ?Devant toute nouvelle transformation se pose une problématique importante qui est la position que prennent des personnes de réfuter la technologie. En ce qui concerne la question des crises sanitaires et environnementales, il est primordial de gérer les risques et les crises qui apparaissent de plus en plus fréquemment ces derniers temps. C’est un point important dans la discussion que de créer des lois et d’avoir des politiques nationales. Effectivement, l’évolution des conditions de vie ne cesse de changer, et ce à cause de l’influence des différentes crises sanitaires que connaît le monde. Des changements en termes d’habitat, de consommation et de relations sociales. Concernant la question de l’habitat par exemple ; le confinement a influencé notre façon d’être. Avoir beaucoup de personnes présentes dans un espace clos et restreint, avec un manque d’intimité, change la perception des limites personnelles. Avec la crise sanitaire, nous avons aussi constaté la situation précaire de l’emploi, le cas des chauffeurs Uber, ou le cas des nouveaux types d’emplois.Inclusion sociale et révolution technologique : où en est-on ?Toute transition vient changer le monde en positif, il est néanmoins important, de rappeler le côté négatif afin d’appréhender les peurs et les limites qui viennent avec la révolution technologique et numérique. Les nouveaux dispositifs numériques innovants et les fonctionnalités offertes par l’innovation numérique favorisent l’inclusion et l’amélioration de l’accès aux droits grâce à des services simples et mieux adaptés aux divers besoins des communautés. Cette nouvelle perception explique la dynamique complexe qui vient avec le concept de l’inclusion sociale et de la fracture numérique. L’inclusion sociale a pour objectif d’accroître le taux de participation des personnes défavorisées aux activités publiques, sociales et économiques grâce à des projets d’inclusion sociale. Cela peut être réalisé en rendant les technologies le plus accessible possible à tous, tout en favorisant le développement des technologies. Il est évident qu’il nous faut développer des projets et services d’assistance qui aident les personnes sous-représentées dans le monde numérique.
Projet de presse proposé par Agora francophone et son partenaire historique, l’École Supérieure de Journalisme de Lille, soutenu par l’Ambassade de France au Maroc. Journalistes participants : * Adnane Boulahia, Fadwa al Nasser, Jihane Ziyan, Samia Elachraki, Sanaa Saidi et Wiam el Abdi.
Le Forum est organisé par l’Ambassade de France au Maroc et l’Institut français du Maroc.